Sens - Une nouvelle détermination [Ouvert]

09 Sep 2019 21:37 #77841

Madhi ne comprenait pas tout. Il était dans sa chambre, assis sur son lit, pensif.



Cette mission devait permettre de retrouver Maria, il espérait bien la revoir, savoir ce qu'elle avait fait. Ce qui lui avait pris il y a quatre mois. Il la considérais un peu comme sa marraine. Elle l'avait sauvé il y a 20 ans, et elle lui avait inspiré une partie de son caractère. Qu'il mettait beaucoup en pratique dernièrement, le travail avant l'émotionnel, mais pour atteindre un bien commun plus grand.

Il l'avait toujours vu comme une personne qui se sacrifiait, au mépris d'être incomprise. Mais l'admiration, l'affectif l'avait-il dupé...?

Il aurait bien aimé avoir la réponse, mais rien ne s'était passé exactement comme espéré. Il se rappelait, être allé au Buveur. Ce lieu était oppressant, horrible, et la souffrance, l'apathie, l'agonie, omniprésente. Il s'était senti mal dès le début, et il se rendait bien compte de son impuissance.
Il avait eu mal à la tête et au coeur tout le long. L'odeur était parfois insoutenable, mais c'était bien plus psychologique la plupart du temps.

Et ils étaient arrivés au squat du rendez-vous avec le dénommé Yves. Et ils avaient vu les junkies qui se droguaient, dans un état ... lamentable. Impossible de leur trouver quoique ce soit pour les aider dans le coin, tout leur environnement était propice à les tuer lentement.

Madhi se rappelait très bien de cet homme allongé sur ce vieux matelas, à moitié endormi dans sa pisse et son vomi, et cette jeune femme, on aurait dit que son bras se nécrosait. Il avait un souvenir horriblement détaillé de cette scène. Alors pourquoi il ne se rappelait plus du visage d'Yves. Il se rappelait vaguement de la conversation, mais c'était brumeux...

Il avait une vague piste, Maria s'était déguisée et elle semblait liée à plusieurs meurtres. Elle était tant en colère que ça? Contre qui? Que des nobles parmi les victimes, quel était son mobile?

Il sait bien qu'ils étaient retournés dans le Buveur pour enquêter. Mais Madhi s'en souvenait comme d'un rêve brumeux, ou d'un cauchemar plutôt. Mais rien de bien précis...
La ruelle était pleine d'une aura étrange, de mort, ça il s'en souvenait, Adamas avait ouvert un entrepôt, et un petit garçon en était sorti et une bestiole dans une grille d'aération c'était mise à parler. Mais comme toute l'équipe en avait reparlé, il avait cru qu'il s'agissait de quelque chose de "sérieux"... Mais aucun souvenir précis de ce, quoi déjà, un renard... Un animal qui parle, en dehors de l'ombre-monde... Bon ce n'était peut-être pas le plus fou qu'ils aient vu jusqu'à maintenant.
Et le plus fou, c'est qu'il se rappelle bien de l'aura bleue de l'animal. Bien pétante, ça il s'en rappelait, étrangement.

Sa mémoire était de plus en plus sélective. En fait tout ce qui concernait le fragment du Buveur. Même le "combat" contre ce dernier, il s'en rappelait peu, mais quand les autres lui en parlait, il avait parfois des réponses qui lui étaient sorties instinctivement. Et surtout la vidéo qu'il avait visionné en boucle, celle du Buveur qui parlait à ses descendants. Il ne se rappelait pas du contexte du tout, pourquoi il l'avait tourné...
Mais le but oui, il faudrait trouver ses descendants et leur faire visionner. Mais ça risquait d'être coton, et difficile à justifier.

Ensuite ça s'était enchaîné très vite. Ils avaient approché Alphonsis Gargantua le père de Lucius Gargantua qu'Adamas avait affronté aux échecs, et qui avait trouvé la mort dans la ruelle de l'entreprise de son père...
Cet homme avait un regard glacial, et une attitude non moins froide. A vrai dire il avait intimidé Madhi, il était bien content de ne pas avoir dû lui parler. Grâçe à l'intervention couplée de Fluvius et Yuki ils avaient pu apprendre qu'il essaierai de la mettre à l'envers à Adamas alors que ce dernier avait ingénieusement soutiré un possible accord de viager pour l'entreprise "le philantrope" et le nom de l'assassin présumé des nobles Giulia Yuri.

Cette entreprise devait fermer au plus vite. C'est là-dedans que sont transformés les cadavres, pour ... nourrir la population, à bas coûts...

Encore une fois Madhi avait de vagues souvenirs des jours qui avaient suivi. Il se souvenait avoir pris des notes, sur comment faire fermer cette usine. Apparemment des relevés sur les récupérations de cadavres, c'était bien son écriture, mais quand les avait-il fait?
Durant les quatre jours... sûrement.

Puis l'hôpital, ça c'était encore passé très rapidement, mais il avait eu conscience d'à peu près tout cette fois. Yuki était extrêmement impliquée en ce moment et elle utilisait à fond ses pouvoirs et ses idées pour les missions. Sans elle, il y avait plein de choses qu'ils n'auraient pu faire dernièrement. Mais comme tous les membres de l'équipe, il oubliait souvent de leur dire.
Il oubliait souvent d'aller leur parler et de leur dire à quel point il était attaché à eux et de leur dire à quel point ils étaient bons à ce qu'ils faisaient et utile à l'humanité, de son point de vue.
Il oubliait souvent de leur parler...
Il oubliait souvent d'être Madhi...

Et après avoir demandé à l'interne des informations sur Giulia Yuri tout était devenu confus, était-ce vraiment Maria qui avait usurpé cette identité, Giulia n'avait-elle rien à voir, en tout cas le poison retrouvé dans le corps des nobles avait bien était pris ici, de l'arsenic...

Mais en sortant de l'hôpital, la confusion s'était faite encore plus grande. Eva avait pris deux balles dans le corps, une à la jambe, et une dans le ventre, ou le rein. Le sang de Madhi n'avait fait qu'un tour. La Resplioid ne s'était pas activée, le coup n'était pas mortel, mais le saignement pouvait l'être. Il s'était rué pour amener Eva à l'hôpital qu'il venait de quitter, en espérant que tout le monde se replie. Mais apparemment Adamas avait mis sa resplioid, et Yuki ne craignait pas trop les balles...

Seulement, à la mi-chemin, son coeur avait pris un coup, d'une manière étrange, il savait qu'un/e bug était morte... Comment l'expliquer, aucune idée, mais il savait que c'était vrai. Et quand il revint sur les lieux... Black out.

Madhi savait qu'il était allé sur les lieux de la détonation. Mais il ne se rappelait de rien. Juste que finalement Eva était allé à l'hôpital, et qu'il était rentré sans ses vêtements, enfin sans sa combinaison légère, de médecin. C'était bizarre d'ailleurs, pourquoi il l'aurait enlevé et où?


Madhi ne comprenait pas tout. Il était dans sa chambre, assis sur son lit, pensif.

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09 Sep 2019 22:45 #77842

Ça ne va pas être simple de prendre la suite sur vos résumés de parties :)
Beaucoup de belles choses.


" Morguurh..c'est toi ?
- Morguurh ? Morguurh est mort, mais vous pouvez toujours m'appeler... Joker."

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09 Sep 2019 23:52 #77843

Adamas ne rentrerait pas ce soir.

Il etait prostré depuis des heures dans cette ruelle étroite et sombre qui sentait l'urine. Trônant parmis les détritus, drapé dans sa cape qu'il avait enroulé autour de lui comme un cocon.

Serrant ses bras autour de sa poitrine pour oublier sa solitude, sa peur et sa détresse. Les yeux fixant le vague, embués de larmes qu'il ne pouvait sécher.

Il tremblait encore de tout son corps, sous le choc, son esprit ancré dans cette horreur qui se répétait encore et encore dans son esprit confus.

*PAN PAN*

Du sang... Evangeline s'effondrant sur le sol. Beaucoup racontent que ces instants, ceux qui précèdent un drame, viennent au ralentis, que le temps semble se figer... que l'on voit sa vie défiler devant nos yeux. C'est faux.
C'est un éclair, un tonnerre assourdissant qui emporte dans son sillage tout ce qui a été, est et aurait pu être. C'est un glas.

*PAN PAN*

C'est une tornade qui emporte tout. Ce que l'on a été, sommes et aurions pu être.
Un bris de verre qui se fracasse sur le sol puant d'une ruelle alors qu'en le voyant se briser... nous souhaiterions pouvoir le réparer. Mais il ne sera plus jamais le même verre.

*PAN PAN*

(Adamas c'est terminé. Arrête de trembler reste avec moi... reste avec maman mon chérie je suis là.)

Il ressera l'étreinte de son cocon d'etoffe autour de lui tout en continuant de trembler. Il tremblait comme ces gens en manque dans le Buveur. Son corps refusait de lui obéir depuis des heures. Le temps était devenu une notion abstraite, lointaine...

(Concentre toi Adamas, reprends depuis le début. Doucement mon chérie, pas à pas.)
.
La réunion avec Finnlongfinger... Yves... tout était embrouillé.

Non loin un énième poivrot était venu soulagé sa vessie encombrée par un flot d'alcool trop important. Il urinait en sifflotant dans un coin de la ruelle à 3 mètres d'Adamas sans même lui prêter une once d'attention. Ferma sa braguette d'un mouvement sec et s'en alla d'une démarche hésitante propre aux gens ivres tout en poursuivant sa mélodie fausse et arythmique comme un bienheureux.

Dos au mur le Bug Rouge essayait de rassembler ses pensées. Il balançait son corps d'avant en arrière et ramena ses genoux contre sa poitrine et les cercla de ses bras.

(Reste avec moi Adamas... allez pense. Reprends depuis le début)
(Laisse moi... pas ce soir !)
(Mon chérie, reste avec moi, regarde moi)
(NON !)

Les images lui revenaient sans ordre cohérents, une cacophonie d'images, de conversations, de visages dont chacune étaient interrompues par une détonation assourdissante qui faisait sursauter le Bug Rouge comme sous l'effet d'un électrochoc.
Son esprit était un orage... une tempête assourdissante, terrifiante.

"Je crois qu'il est temps pour moi de partir."
Le visage du Buveur qu'il avait dû accompagner de l'autre côté lui apparu.
Cette fois ci... se fut encore plus dur... à chacun de ces exorcisme il avait eu l'impression de laisser une partie de lui... mais il devait le faire... pour que les autres n'ai pas à se salir les mains.
Alors il le fit encore une fois et se fut une nouvelle partie de lui sui se tût à jamais.

*PAN PAN*

Le choc l'avait pris de cours en sortant de l'hôpital. Seul restait le corps d'Eva baignant dans son propre sang et Mahdi s'interposant entre elle et l'assaillant.
Une pensée qui devint une obsession. Faire taire les bruits, les hurlements de l'arme à feu. Il s'avanca sans même y penser en direction du tireur et la laissa vider son chargeur sur sa Resplioid maintenant activée. D'un geste vif il lui saisi et lui brisa le poignet. Net.

*PAN PAN*

Une explosion d'os mêlé au sang et fragments de cervelle eclaboussa son visage. Là où autrefois se tenait la suspecte, il ne restait qu'un amas de chaire sanguinolente qui s'effondra de tout son poid sur le sol puant de cette ruelle immonde, abreuvant le pavé de son flot d'immondices corporelles.

"Nous allons t'aider. Nous pouvons t'aider."

Il n'y aurait plus rien à aider, ni personne. Son coeur s'était déchiré une nouvelle fois, laissant échapper tout ce qu'il avait enfouie jusque là. Ses entrailles s'étaient serrées comme si la Mort, elle même, était venue dans son dos pour lui sussurer l'horreur de son impuissance. Un frisson qui parcourut son echine pendant un court mais douloureux instant.

"Ça va nous faire une belle prime. On peut récupérer le corps maintenant ?"

"Le corps ?"

Voilà tout ce que l'on devient quand vient la fin, un morceau de viande, une marchandise.
La fin nous prend tout, notre nom, nos souvenirs, nos rêves. Elle dévore l'être et le digère comme une chose insignifiante puis le rejete au néant et l'oubli.
Nous ne sommes plus rien, juste un corps.

Cette injustice terrifiait Adamas. La fin n'avait pas de Sens, pas comme ça. Pas sur un sol couvert d'urine, sans espoirs où notre corps se disputait aux charognards qui se battait pour savoir quelle pièce de notre carcasse il désirait.

*PAN PAN*
Les trois tueurs de Gargantua venait de faucher une vie... sans hésiter. Et la, à cet instant, plus rien n'avait de sens.
Rien ne justifiait son geste, la peur, le dégoût, la rage... ce n'était plus important... cela n'en avait plus. Une vie pour une vie, oeil pour oeil, dent pour dent. Ce n'était pas de la vengeance ou même de la colère.
Il avait annihiler deux vies. Plus rien ne serait jamais comme avant.

*PAN PAN*

Le Bug Rouge tremblait de terreur, désorienté et seul dans cette ruelle qui sentait l'urine et le sang.
En proie à ses démons, il savait qu'il ne rentrerait pas ce soir et qu'une partie de lui resterait toujours ici. Apeurée, désorientée, seule, elle serait le fantôme de cette nuit tragique et elle ne retrouvera jamais le chemin de la maison.

*PAN PAN*


" Morguurh..c'est toi ?
- Morguurh ? Morguurh est mort, mais vous pouvez toujours m'appeler... Joker."

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10 Sep 2019 10:47 #77844

Waw.... encore une sacrée épreuve.... :blink:


Mello ;-)

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10 Sep 2019 10:49 #77845

Mellodia écrit: Waw.... encore une sacrée épreuve.... :blink:

Pour le coup, je crois que le terme "épreuve" est bien choisi. La fin a été... brutale.


Si un homme pouvait écrire un livre sur le jeu de rôle qui soit véritablement un livre sur le jeu de rôle, ce livre, telle une explosion, anéantirait tous les autres livres de l'univers.

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10 Sep 2019 12:20 #77847

Enfin on sait à qui est cette voix !

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10 Sep 2019 16:03 #77849

Quelle voix?


Je ne fais pas de JDR parce que je n'ai pas de vie, je fais du JDR parce qu'en vivre qu'une c'est trop Mainstream :P

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10 Sep 2019 16:19 #77851

Celle qu'Adamas entend à chaque fois

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10 Sep 2019 18:18 #77852

Je vois que mon petit résumé embrouillé a fait réagir ça me fait chaud au coeur


" Morguurh..c'est toi ?
- Morguurh ? Morguurh est mort, mais vous pouvez toujours m'appeler... Joker."

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27 Oct 2019 17:26 #78602

Après cette pause, il est temps de reprendre les choses sérieuses! \o/

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Evangéline avait fortement insisté pour rentrer au manoir au plus vite, malgré la réticence des médecins. La Bug n’aimait pas rester loin de son équipe trop longtemps et puis ses blessures n’étaient pas graves. De plus, elle ne se sentait pas en sécurité dans cet endroit qu’elle ne connaissait pas.
Elle boitait un peu. La balle dans le dos et celle dans la jambe y étaient pour beaucoup, mais le chirurgien avait fait des miracles. Il ne s’était pas caché de lui dire qu’elle avait eu beaucoup de chance que les projectiles ne fassent pas plus de dégâts. Ce n’était là que deux futures cicatrices de plus alors qu’elle se remettait tout juste de sa brûlure au bras.
Ils avaient posé quelques questions à la clinique, mais elle avait trouvé les mots justes : elle avait été au mauvais endroit au mauvais moment, tout simplement. Tout allait si vite sur Séléné, alors deux balles perdues...

Au manoir, Evangéline évitait soigneusement de croiser Chrysaor, elle qui avait mis tant de temps à le conquérir. Elle savait très bien ce qu’il dirait et… elle n’avait simplement pas envie de le voir. Quand il essayait de lui rendre visite, elle trouvait un prétexte pour s'éclipser, allant parfois jusqu’à user de la Resplioid pour disparaître dans l’Ombre-monde le temps qu’il quitte la pièce. Quant à Madhi… Il n’était plus lui-même depuis quelques temps déjà. Silencieux, presque secret. L’étincelle dont elle était tombée amoureuse était vacillante, Evangéline avait l’impression qu’il n’était plus qu’un pâle reflet du Madhi qu’elle avait embrassé à Aquacity, et elle ne trouvait pas les mots pour lui faire part de ces tristes constatations.

Elle désertait le stand de tir qu’elle avait aménagé, les armes renvoyant son esprit à des images récentes qu’elle préférait occulter pour le moment. Alors, elle attendait souvent allongée sur son lit que le temps passe et fasse son affaire. Elle pouvait passer des heures à regarder le plafond et à réfléchir sur l’avenir d’Esprit Delta, de l’unité que Lyanna lui avait confié avant leur départ pour Séléné.
Un matin où elle contemplait les détails des tapisseries, la Bug se remémora la souffrance et la colère dans les yeux de Yuki au moment où elle avait froidement tué l’assassin de Julia. La relation entre les deux filles devenait de plus en plus tendue, elles ne parlaient plus comme avant, une distance s’était creusée entre elles. Evangéline soupira. Avait-elle vraiment fait le bon choix en abattant l’autre ordure? Elle était persuadée que oui, mais le mal était fait dans le coeur de Yuki, de Bienveillance. Cependant, il n’était pas encore trop tard pour sauver l’amour de soeur qui les unissait. Evangéline lui avait dit qu’en temps voulu, elle accepterait de parler. La bug prit alors son téléphone.

“Hé Yuki. Je ne veux pas te déranger, mais quand tu auras un moment, passe me voir s’il te plaît. Rien de grave. Eva.”

-

Yuki était rentrée il y a peu quand son téléphone vibra.
“Hé Yuki. Je ne veux pas te déranger, mais quand tu auras un moment, passe me voir s’il te plaît. Rien de grave. Eva.”

Elle ne l'avait pas confronté depuis la mort de Julia et des trois chasseurs de prime. À vrai dire, elle faisait en sorte de voir son équipe le moins possible. Parce qu'elle avait encore de la colère en elle, mais parce que Yuki n'avait jamais su cacher ses sentiments et ses secrets.
"Pourquoi ce message aujourd'hui ? Sait-elle quelque chose ? Non impossible."

Elle n'avait pas envie d'y aller. Mais Eva n'était pas du genre à demander à se voir pour rien.
Après encore un minute d'hésitation et de soupirs, elle prit la route de la chambre d'Eva pour frapper à sa porte.

-

Evangéline se leva et marcha jusqu’à la porte. Elle boitait moins et apprenait à faire avec la gêne de ses blessures. Elle ouvrit la porte, heureuse de voir que Yuki avait répondu à son invitation aussi vite. La bug s’écarta pour la laisser passer.

“Entre, je t’en prie.”

Elle avait perçu son trouble, elle devait certainement lui en vouloir encore, mais elle était là et c’était tout ce qui comptait.

La quadrilla rentra sans dire un mot, fit quelques pas pour se mettre au centre de la pièce et fit volte face pour faire face à sa sœur. Elle restée debout, en appui sur une jambe, les bras croisé.
"- Tu souhaitais me voir ?

Eva sortit de sa poche un morceau de papier, sur lequel il était écrit : “- Quelle que soit mon apparence, mon nom, mon monde d'origine, je serai à jamais là pour toi. Dans les bons moments, comme dans les mauvais. Yuki”

“Je pense qu’il est temps d’enfin… parler. Sinon les choses ne vont faire qu’empirer. Entre la dernière fois et le Buveur… Oui, je pense qu’il faudrait que l’on parle de tout ça. asseyons nous d’abord.”

Le pas traînant, elle partit s’installer sur son lit un peu défait.
Yuki hésitait fortement. Mais même si elle avait des raisons d'être en colère, elle devait faire un effort. Eva faisait un premier pas. Yuki devait au moins écouter ce qu'elle avait à dire. C'était sa philosophie, si ce n'est son mantra. Elle s'assit sur un coin du lit, prête à écouter.

Evangéline s’éclaircit la gorge. Elle avait espérer au moins un mot de la part de sa soeur, mais cela attendrait… L’estomac noué et des crampes au ventre, elle reprit :

“Je n’ai jamais pris le temps de m’excuser pour le coup de poing de la dernière fois. J’étais en colère contre le monde entier et tu as été au mauvais endroit au mauvais moment. Je sais que mes actes des derniers jours t’ont aussi choquée, je me doute bien de ce que tu éprouves à mon égard mais…”

Elle allait dire “qu’elle n’avait pas le choix”, mais l’un des amours de sa vie lui avait bien fait comprendre le contraire. Le choix, nous l’avions toujours.

“Mais j’ai fait ce qui à mes yeux était le meilleur pour mon équipe et la sécurité de notre mission. Je sais que Finlongfinger t’a demandé de l’éliminer, et qui sait ce qui se serait passé si ce n’était pas moi qui avais pressé la détente...”

Evangéline marqua un temps d’arrêt où elle guettait une réaction de Yuki. Un geste, un mot, quoique ce soit.

"- La mort n'a jamais été le meilleur choix. Quelle que soit la raison. Cet homme n'avait pas appuyé sur la détente pour Julia. Il n'avait pas vu le visage d'Adamas puisqu'il portait sa resploid. Je n'avais pas ma véritable apparence. Il fallait remettre cet homme aux autorités ! N'importe quoi mais pas ça. Cet homme avait fait ce que toi tu faisais. Éliminer une tueuse. Mais si on continue sur votre façon de faire, le cercle ne s'arrête jamais. Les tueurs de meurtriers deviennent à leur tour des assassins à éliminer. Si ces hommes avaient une famille, des enfants, ils peuvent réclamer la même justice… La Même vengeance auprès de notre équipe. Quelle différence entre eux et nous ? Ah oui… On est les gentils.”

La bug se crispa. Les mots de Yuki étaient durs, mais aussi plein d’une vérité qu’Evangéline ne supportait pas vraiment. Effectivement, cet homme avait peut-être une famille, mais sur le moment, elle n’avait pensé qu’à la sienne.

“Nous ne sommes pas “les gentils”, finit-elle par dire. Nous sommes ceux qui essaient d’apporter un point final à une guerre stupide. Le camp… est une question de point de vue, Yuki. Pour Myphos nous sommes les méchants, pour le Clair de Lune et la Résistance nous somme “l’espoir”. Nous les Bugs portons beaucoup d’adjectifs très différents.”

Evangéline secoua la tête.

“Je n’attends pas de toi que tu accepte tout ce que je fais ou ai pu faire. Comme je te l’ai dit, j’essaie de faire les meilleurs choix pour le plus grand nombre de personnes. Si leurs familles réclament vengeance, elles en auront tout à fait le droit, mais nous avons trop à accomplir pour nous y attarder, Yu’...”

Elle se pencha sur sa soeur et posa timidement une main sur son épaule. Les yeux de la bug étaient rouges et elle clignait très souvent des paupières.

“Je sais que ce que j’ai fait est mal, mais que tu le comprennes ou non il le fallait. Même si nos opinions divergent, ne change pas. Tu es peut-être la seule à m’empêcher de basculer complètement dans la Mort et le dédain.
- T'empêcher ? Comment, tu ne m'as pas écouté. Vous n'écoutez jamais. Vous êtes aveuglés par vos stratégies, votre vengeance ou les ordres. Vous n'écoutez que votre propre voix, tous autant que vous êtes !
- Si nous l’avions remis aux autorités, qu’aurait-il dit ? Qu’il avait vu un homme en armure sortie de nulle part ? Qui te dit qu’ils ne s’en seraient pris à toi, à Adamas ?”

Elle essayait d’adopter un ton calme et neutre, mais aussi elle essayait de ne pas perdre ses moyens.

“Tu te rappelles lorsque nous sommes sorties du Libertines ? Ceux qui t’ont attaquée ? Les gens de Séléné sont des personnes sans foi ni loi. Ces hommes qui ont tué Julia étaient des chasseurs de prime Yuki, tuer c’était leur métier. La dernière fois, Julia a été leur victime, le lendemain ç’aurait pu être un homme, un enfant, et le surlendemain encore une autre personne. Peut-être que nous les avons empêché de commettre encore d’autres meurtres. De plus, si nous n’avions pas fait le ménage, peut-être auraient-ils cherché à le faire. Les aurais-tu laisser vider leur chargeur sur toi, même si ta carapace te protège ? Une balle aurait pu se perdre, tuer un innocent...”

Evangéline soupira.

“Avec des Si, nous pouvons faire beaucoup de choses. Il faut essayer de se projeter à une plus grande échelle…
- Encore une fois tu juges les actions de cet homme sans remettre en question les tiennes. Nous avons des capacités tellement supérieures à une personne lambda. Il est facile pour nous de nous prendre pour des dieux. Et que notre volonté soit exécutée au moment M.
Juge, juré et bourreau.
Cet homme que tu as tué. Peut-être que c'était un monstre. Mais peut-être qu'il s'était retrouvé embarqué dans cette affaire malgré lui. Peut-être n'avait-il jamais tué. Tu n'as pas posé la question. Tu es arrivée, tu as jugé cet homme coupable sans même savoir quoique ce soit sur lui, et tu as décidé unanimement de sa sentence. Exécution. Regarde d'un autre point de vue. Voit plus loin que notre mission. Il y avait d'autres moyens. Tu n'as pas voulu te poser la question ! Tu as choisi la solution de facilité !!! TU AS DÉCIDÉ !”

Evangéline serra les poings. Une exécution… Alors c’était ce qu’elle était pour Yuki, elle ne valait pas plus qu’un bourreau ? La gorge serrée, la bug se leva et grimaça quand la douleur dans sa jambe et dans son dos se réveillèrent. Yuki s’emportait, sa voix grimpait plus haut que la sienne, mais elle avait décidé de garder son calme. Les crampes dans son ventre se faisaient aussi plus fortes.

“J’ai décidé, parce que je suis votre commandante. Parce que c’est mon devoir de prendre des décisions que vous ne pouvez peut-être pas… accepter. J’ai obéi aux ordres de Finlongfinger, parce que c’est ce que l’on attend de moi. Un jour je serai jugée pour ça, pour tout ce que j’ai fait au nom de la Résistance. Pour ces personnes que j’ai tuées. Peut-être t’en chargeras-tu ?”

Yuki afficha un regard montrant son exaspération et sa déception.
"Cette conversation tourne en rond, on avancera pas aujourd'hui. On est hermétique au point de vue de l'autre. Et ta dernière phrase me blesse énormément. Je ne te juge pas bonne ou mauvaise, que tu le crois me déçoit. Je me demande juste pourquoi la vie est plus forte en toi, et que tu persistes à semer la mort."

Yuki commença à se diriger vers la porte, mais Evangéline lui prit la main pour l’empêcher d’aller plus loin. Là, elle réalisa qu’elle ne s’était jamais vraiment habituée au toucher de la carapace. Les mots étaient bloqués dans sa gorge nouée.

“Arrête toi.” croassa t-elle.

Evangéline fut prise d’une quinte de tout. Non, elle ne voulait pas que Yuki quitte cette pièce dans cet état, elle ne voulait pas que les choses empirent. Mais que voulait-elle entendre ? Par quel moyen pouvait-elle les réconcilier ne serait-ce qu’un peu ? Elle avait pourtant reconnu ses torts… Mais peut-être pas correctement.

“J’ai tué un homme pour la première fois de ma vie.”

Cette vérité retourna le coeur de la bug qui en prit enfin conscience. Elle avait déjà mené des missions violentes, avec ou sans Esprit Delta, mais personne n’était mort de sa main. A Paris, là où la situation aurait pu être la plus grave, tout s’était conclus par quelques balles tirées à des endroits non mortels. Elle avait pris la vie d’un être humain devant cet hôpital, et tout le poids de cette réalité tomba brutalement sur ses épaules.

“Ôter la vie est un acte horrible. Je ne l’oublierai jamais et cela me poursuivra comme tout le reste. C’est… tout. Je suis peut-être dans l’erreur, toutes mes justifications sont certainement bidons et cela n’enlève rien à ce que j’ai fait. J’essaie peut-être juste de me protéger pour ne pas réaliser que j’ai tué quelqu’un… Je sais que ce que tu dis est vrai et tu as raison sur toute la ligne. Rien n’excuse un meurtre, mais crois moi quand je te dis que je pensais bien faire… Pour ce qui est de la vie, chaque jour elle a plus de valeur pour moi.”

Yuki poussa un soupir. Elle voyait qu'Eva voulait renouer. Est-ce qu'elle pensait vraiment ce qu'elle disait ? Elle ne le savait pas. Mais si ses mots étaient un tant soit peu sincères, elle le verrait dans une prochaine mission.
Elle ne devait pas quitter la chambre fâchée. L'équipe était fragile, et sa sœur paraissait vraiment bouleversée par leur dispute. La culpabilité gagna les pensées de la Quadrilla.
"Yuki quelle idiote. Ton comportement est ridicule. Tu veux que les choses s'améliorent, mais quand une porte s'ouvre tu détournes le regard. Tu es sur le point de faire ce que tu reproches aux autres. Elle a fait le premier pas, tu dois faire le second. Tu as fait des erreurs aussi. Construis le monde dont tu rêves en agissant comme s'il était vrai. Souviens toi de ton nouveau nom."
Alors elle se tourna vers Eva, les yeux baissés et la prit dans ses bras. Evangéline se laissa aller dans cette étreinte qu’elle attendait désespérément et serra sa soeur avec force. Séléné les mettait tous à l’épreuve avec ses horreurs et un contact amical était… une véritable bouffée d’air dans cette bulle de verre.

“C’est le bordel dans ma tête Yu’. Je perds pied. J’ai tué un homme, je vois celui que j’aime partir en vrille et j’essaie tant bien que mal de faire au mieux. J’accumule les conneries putain, j’en ai marre.”

Elle serra un peu plus ses bras autour de la carapace de la Quadrilla. Encore une mince frontière qui les séparait… mais elle la voyait d’un meilleur oeil. La bug soupira à son tour.

“J’ai… un pressentiment bizarre à propos de Madhi. J’aurai voulu savoir ce que tu en pensais. Avec tout ce qui se passe, nous parlons de moins en moins, nous nous confions bien moins qu’avant l’un à l’autre. Séléné… a bien diminué Esprit Delta.
- Je sais, j'ai aussi noté ça. Adamas m'en a parlé aussi. Tu sais, le connaissant, je crois qu'il s'enferme juste dans une bulle pour mener à bien son projet. Mais j'ai parfois l'impression qu'il est dans une paranoïa constante d'être observée ou écoutée. Je comptais aller lui parler. Mais tu sais Eva. Cette impression que tu as pour Madhi, je l'ai ressenti pour chacun d'entre vous depuis… depuis ce combat contre les Quadrillas de Cosmo. Cela a été une épreuve difficile. Pour vous bien plus que pour moi car je n'ai pas été blessée"

Yuki regarda le bras d'Eva brûlé. Souvenir marquant de son incapacité à la protéger.

"Mais finalement, peut être que les blessures physiques n'ont pas été les plus douloureuses à encaisser.
- Jusqu'au combat contre les Quadrillas de Cosmo, je nous pensais presque invincibles avec nos Resplioids. Mais… C’était juste des conneries. On est juste un peu plus “fort”, et encore, je vais finir par croire le contraire.”

Julia… Le crâne brisé de Julia, le sang. C’était une bug, mais elle n’avait pas eu la chance d’hériter d’une Resplioid, cet ange gardien de philonite. Être un bug c’était juste un adjectif, sans cette armure ils n’étaient rien.

“J’essaie d’aller mieux, je n’aime toujours pas ce que je vois dans mon miroir depuis tout ça et Julia n’a pas arrangé les choses. (Petit rire.) Mais bon, on est les gentils, alors quelques cicatrices de plus, ça fait quoi ? Pour être honnête, c’était ma haine envers les Quadrillas qui m’avait fragilisée après ce combat. J’ai fait un amalgame de ma situation avec Sauveuse et… Tout est parti en vrille. Mais j’ai enfin compris Madhi, alors j’aime dire que je vais mieux. Même si tout n’est pas parfait… Et toi ? Comment vas-tu après tout ça ?
- Eva… ne te fâche pas, et surtout ne le dit pas à Lyanna pour l'instant mais… Météore et moi… on sort ensemble. “

Evangéline prit les mains de Yuki, ses lèvres étirées en un large sourire.

“Ne lâche rien, peu importe ce que les autres diront, ne lâche rien ! D’accord? Promets le moi ! Si il peut t’arriver au moins un truc de bien dans tout ce bordel, ne lâche rien !
- Tu sais, je doutais après la mort d'Akina de pouvoir à nouveau aimer quelqu'un comme je l'ai aimé. Je ne sais pas où cette relation va me mener. Mais un deuxième homme est en train de prendre une place immense dans mon cœur. Il ne remplace pas. Il se crée au milieu de tout l'amour que je porte déjà à ceux qui me sont chers. “
La bug… buggua littéralement. Le choix des mots de Yuki était une drôle de coïncidence. Elle avait promis de garder le secret, de n’en parler à personne, mais elle en ressentait le besoin. Et puis, Yuki était une personne de confiance alors…

“Puisqu’on en est aux confidences… Je fréquente Chrysaor en plus de ma relation avec Madhi. Mais tu ne dois en parler à personne, même pas à Madhi pour le moment ! Il sait que je vois quelqu’un, mais ne sait pas qui…"

Yuki cligna des yeux, un peu surprise parce qu'Eva venait de lui révéler, et elle se mit à rire joyeusement.

"- avec Chrysaor ! Faut dire que tu bavais sur lui depuis un bon moment. Tu ne laisses pas percevoir beaucoup de choses de toi, mais ça…
S'il te rend heureuse et que tu ne me demandes pas de mentir à Madhi, alors c'est une formidable nouvelle. Cette planète, aussi abominable soit-elle, aura au moins été bénéfiques pour quelques points. Même si je n'ai qu'une hâte, rentrer chez nous.
-Tu n’as pas idée d’à quel point j’ai envie de rentrer à Pole Sud… Et je suis vraiment heureuse d’en avoir parlé avec toi. Mais… C’était si flagrant ?
- Nooon… Regarde Madhi n'a rien vu… Bon c'est probablement le seul. Adamas aussi, mais lui il ne compte pas, il n'arrive pas à comprendre que Selina est enceinte alors que c'est flagrant…
Bon maintenant que je sais, je veux tout savoir ! Soirée entre filles improvisée. Je vais essayer de trouver du thé et des bonbons. "


Je ne fais pas de JDR parce que je n'ai pas de vie, je fais du JDR parce qu'en vivre qu'une c'est trop Mainstream :P

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19 Nov 2019 16:54 #78806

Il était assis là depuis des heures.
C'était un bouge miteux quelconque du District du Buveur. Ici on ne venait chercher ni réconfort, ni chaleur humaine, ni même de quoi passer un bon moment.
On venait simplement y perdre l'argent d'une journée harassante de travail et y noyer ses rancoeurs, ses regrets ou juste oublier.
C'était son cas... et il s'était assis à ce même tabouret voilà des heures, des jours peut être même des semaines. Le temps n'avait jamais été d'une importance capital pour le Bug Rouge, mais désormais il en était déconnecté... il ne s'écoulait plus ou du moins il le laissait s'écouler sans même s'en préoccuper.
Accouder au comptoir miteux, dont le bois était rongé ça et là par endroit, et qui empestait le tord boyaux frelaté que servait Élise, la barmaid dont aucune lettre n'aurait sut faire sourire.
Adamas toisait son verre mal lavé avec un mélange de dégoût et de résignation. Les échos de ce qu'il s'était passé ce soir là ne cessait de le hanter, de revenir... C'était une marrée... une marrée dont l'écume s'empourprée et dont le son n'était qu'une détonation assourdissante.
Incapable de trouver le repos... Incapable de dormir il avait choisi la fuite. Loin... dans les entrailles de Sélénée... en quête de silence.

"Quelle ironie que le silence ai pris la forme de cet immonde breuvage frelaté.
- Qu'est ce que tu dis balafré? Lança agressif un poivrot assis à côté de lui
- Je parle à mon verre désolé.
- Parle lui en silence si tu veux pas que je te fasses taire. "

Le sang d'Adamas ne dit qu'un bond à ces mots:
" Tu me montres ?
_ Je te montre quoi ?
_ Comment tu comptes me faire taire sac à merde. Répondit Adamas sans même le regarder tout en passant ses longs doigts sur son verre avant de l'ingurgiter d'un trait et de le reposer d'un coup sec sur la table puis de faire signe à Élise de le resservir.

L'homme choisit de ne pas rétorquer, parfois il y a des choses qu'il valait mieux laisser passer. Il finit par s'assoir plus loin afin de ne plus être incommodé par le monologue du Bug Rouge.

Adamas prit son second verre et en ingurgita le contenu cul sec avant de reposer bruyamment ce dernier.

"Tout ce que je veux c'est que ce bruit cesse.
_ Tu veux autre chose La Balafre ?"

Élise l'avait affublé de ce surnom il y a quelques temps déjà alors qu'il venait chaque jours sans répondre aux questions. Elle avait donc dû trouver un moyen de le nommer et s'est ainsi que naquit "La Balafre".
Elle le regardait de ses yeux gris comme s'il cherchait à scruter son âme, elle posait ses longs doigts fins sur le comptoir et le regardait comme ça chaque fois...
Adamas baissa les yeux, il ne supportait pas ce regard et fit glisser son verre presque vide vers elle:

"La même."

Élise se saisit du verre sans quitter Adamas du regard et bu la gorgée restante avec une drôle de lueur dans le regard.
Derrière le comptoir le téléphone sonna et la barmaid alla le décrocher:

"Qui ? Elle marqua une pause, Ok je demande. Adamas Ruber ? Y a t il un Adamas Ruber ici bande de soulard? "


Dans la salle il n'y eu plus un bruit, ni même un murmure. Tout le monde se regardait d'un air interrogateur.

"C'est de la part de Selina."

(Tu vas répondre ?)

"Non il n'y a personne de ce nom ici désolé madame."

Adamas se saisit de son verre et le bu d'un trait de nouveau. Son regard devint se voilà quelque peu et les bruits s'ammoindrirent, la marrée ne devint qu'une image, une peinture sinistre mais les bruits eux se turent.
Il ne lui restait que les images de cette nuit.

Une main frappa son épaule et le tira de sa torpeur. Il regarda en direction des longs doigts fins qui venaient de le frôler.
Élise le regarda avec insistance, ses lèvres remuerent pour former l'éternelle et même phrase:

"Autre chose La Balafre ?
- La même. Dit il en lui faisant glisser son verre entre ses longs doigts fins et pâles.
- Tu ne veux pas autre chose ? Tu ne veux pas parler ?
- À quoi bon parler. Il vida son verre d'un trait sans même un rictus. Les gens n'écoutent pas.
- Tu pourrais essayer avec moi.
- De quoi veux tu parler ?
- Qu'est ce qui t'amenes ici tous les jours?"

Adamas sourit amèrement à cette simple phrase et il lui porta un regard nauséeux et cynique:

"Je ne viens pas pour la boisson car elle est degueulasse. Je ne viens pas pour l'accueil car il est mauvais. Je ne viens pas pour tes charmes car tu en as pas. Il ne me reste que l'oubli et le silence.
- Qu'est ce que je dois comprendre dans cette phrase ? S'offusqu'a la barmaid
- Que tu vas me remettre la même et en silence cette fois... jusqu'à ce que je m'ecroule et si je me réveil demain matin... alors recommence tant que je peux payer et tant que je ne suis pas mort... recommence."

Élise ne sourit pas, son coeur venait de s'enfoncer dans ses entrailles aux derniers mots du petit "La Balafre".
Elle se pencha vers lui et conclu avec ses grands yeux noirs et son visage si maigre qu'on eu pu penser qu'elle était la mort:

"Le client est Roi."


" Morguurh..c'est toi ?
- Morguurh ? Morguurh est mort, mais vous pouvez toujours m'appeler... Joker."

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20 Nov 2019 16:50 #78812

Juste waw ! :-O


Mello ;-)

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21 Nov 2019 22:15 #78817

Je ne suis pas certain que ça mérite un "waw", mon incapacité à écrire sur un clavier me frustre :).

Mais je suis heureux que tu es appréciée le texte... Même s'il est extrêmement noir.


" Morguurh..c'est toi ?
- Morguurh ? Morguurh est mort, mais vous pouvez toujours m'appeler... Joker."

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26 Nov 2019 13:35 #78830

Le jour n'était pas encore levé. Yuki rentra dans sa chambre en prenant soin de faire le moins de bruit possible. Elle s'allongea sur son lit calmement. Il restait un peu de temps avant que les autres ne se réveillent.

Les yeux rivés sur le baldaquin de son lit, bien trop étriqué pour elle (et bien trop inutile, vu qu'elle ne dormait plus), elle tenta de se plonger dans un état méditatif. Mais rien n'y faisait, son esprit était bien trop actif, émotif, ailleurs pour y parvenir.
Son corps exprimait sa frustration. Elle ressentait cette énergie chaude à l'intérieur de son ventre. Ce besoin d'aider face à la souffrance, ne pas rester inactive

Elle ne se reconnaissait ni dans les projets de son équipe, ni dans ceux d'Hélium.
Il était temps pour elle de créer les siens. Hors de question que Sélénée ait raison d'elle.
"- Ils veulent qu'on joue le jeu. Je veux changer les règles"

Ses pensées faisait monter en elle une force, un espoir, une excitation comme elle ne l'avait plus ressenti depuis longtemps.
Elle avait envie de faire bouger les choses. Elle avait envie d'agir. Elle avait envie de lutter. Elle avait envie de crier. Elle avait envie... De lui.

L'idée stupéfia Yuki elle même. Ce désir sous-jacent qu'elle avait complètement occulté depuis trop longtemps, venait de ressurgir sans prévenir... Mais elle ne le laissa pas disparaître.
Elle passa dans l'ombre monde et se mit à parcourir les couloir pour le chercher.

Elle trouva Météore sur le balcon de leur premier baiser, en train de méditer. Son corps lui disait de s'approcher, son esprit lui mumurrait qu'il était peut-être trop tôt.
Le lieu était calme, au loin les enfers résonnaient.

Elle s'approcha de lui de façon à ce qu'il l'entende arriver, pour ne pas le surprendre. Elle s'accroupit pour être à sa hauteur de visage. Il retira sa carapace, le contact de Yuki était là pour le protéger.

Elle commença à l'embrasser bien plus intensément que d'habitude. Et de ses mains qui parcouraient ses bras, elle entreprit une douce ascension vers l'étreinte, pour ne pas le brusquer.
Qu'importe le déroulement, les hésitations et les peurs. Elle n'avait formé plus qu'un avec lui le temps d'un instant, et c'était ce qu'elle désirait le plus à ce moment là.

Et quand la dernière étreinte s'acheva, à ses côtés allongée, le monde autour d'elle réapparu à ses yeux. Et avec, cette sensation constante d'être observée


Ce qui ne nous tue pas nous rapporte des XP

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26 Nov 2019 13:50 #78831

Le retour de Sensta Barbara :D


Si un homme pouvait écrire un livre sur le jeu de rôle qui soit véritablement un livre sur le jeu de rôle, ce livre, telle une explosion, anéantirait tous les autres livres de l'univers.

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26 Nov 2019 14:44 #78832

Avoue, ça t'avait manqué


Ce qui ne nous tue pas nous rapporte des XP

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09 Déc 2019 13:01 #78926

Tu vois saloperie de forum, j'ai gagné ! J'ai fini par le faire disparaître mon post ! :cheer:


" Morguurh..c'est toi ?
- Morguurh ? Morguurh est mort, mais vous pouvez toujours m'appeler... Joker."

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09 Déc 2019 17:33 #78930

Une nuit, au buveur:

Nous avons entendu parler du collectif Liberté, des gens qui ont décidé de se lever contre le crime, ils arrêtent eux-même les criminels et les livrent à la police. Qui semble être plus là pour éviter un soulèvement populaire que pour administrer l'ordre et la justice...
En effet les postes de police sont positionnés en cercle autour du quartier, comme pour le contenir. Mais depuis quelques jours, des citoyens ont décidé de reprendre le flambeau et de se charger des arrestations à leurs frais.

Chrysaor nous a réuni pour nous partager ses inquiétudes à propos de l'avenir de ce mouvement, les choses n'ont pas assez changé pour tant de liberté d'un seul coup. Les médias donnent clairement des signaux comme quoi le gouvernement n'approuve pas ces agissements.
La répression dans le sang pourrait advenir bien plus rapidement que ce qu'on s'y attend. Nous avons donc été d'accord pour agir au plus vite.

Nous voila donc au milieu d'une rue du buveur, suivant le plan d'Eva en train de "tabasser" Yuki au sol pour faire croire que c'est une agression et attirer l'attention du collectif Liberté. C'est assez difficile à simuler, même pour de faux, je ne me vois pas frapper Yuki, du coup on la "renverse" près des poubelles et je tape dans un sac pour donner le change.
Ça marche très vite, six personnes arrivent en courant en nous demandant d'arrêter, elles sont armées de ce qu'elles ont pu ramasser sur le chemin, ce ne sont clairement pas des policiers ou des hommes de main en civil.

Nous leur montrons que ce n'est qu'un simulacre, et elles sont immédiatement interloquées, mais par leur propre comportement aussi, comme si une étincelle avait mis le feu aux poudres sans que ce soit conscient. D'ailleurs pendant nos explications, certains ne se reconnaissent tellement plus dans leurs actions qu'ils quittent la place.
Mais certains d'entre eux réagissent à nos discours, j'essaie quand même d'insister sur le fait d'agir en sécurité pour défendre les opprimés et ne pas tuer les agresseurs. Le nombre devrait déjà influencer pas mal et diminuer le nombre d'agressions mineures.

Nous avons donc louper notre objectif, mais je crois que nous avons trouvé quelque chose de plus précieux...




Dans le stade:

Madhi était en haut des gradins du stade de Tantury, ils venaient d'échouer. Ils avaient échoué dans le sauvetage de Sélina, elle avait été tuée par les hommes de main de Tantury pour faire avouer Adamas, pour le faire avouer de son implication dans le suicide de Gargantua.

Madhi n'arrêtait pas de s'en vouloir, il avait dit à Adamas, que Sélina allait bien, s'il avait eu l'idée de dire quelque chose du genre "elle aimerait te voir" il aurait peut-être pu se rendre compte de sa disparition plus tôt. Adamas avait disparu depuis deux mois et il semblait ne pas avoir pris souvent des nouvelles d'elle. Mais quand il était venu pour la mission au Buveur... cela aurait pu changer la donne...

Là, ils avaient infiltré le stade, ils avaient couru comme des dératés, ils étaient arrivés trop tard. Sélina avait ... brulée ... vive. Madhi s'était presque senti partir, comme dans l'allée où ils s'étaient fait tirer dessus, pendant l'affaire Giulia. Mais il s'était repris de son malaise. Il avait pu opérer Sélina pour récupérer son enfant, alors qu'elle était morte, il ne savait pas d'où il avait tirer cette force, mais il s'en foutait, il en était de nouveau capable... Il aurait aimé sauver Sélina aussi mais même Yuki n'avait rien pu faire.

Il avait laissé Adamas et Costa derrière un instant en prévenant ce dernier de lui dire quand Adamas serait dehors, il retournerait l'accompagner jusque là où il déciderait d'aller. Mais en ce moment Madhi n'arrivait plus à rester en sa présence et celle de la défunte. Il avait réussi pour sauver l'enfant, mais il avait toujours autant de mal à être en présence de la mort.

Il desserra son étreinte autour du drapeau qui lui avait servi de camouflage, il était percé de balles, surtout sur l'avant, mais maintenant qu'il avait enlevé la resplioid, il pouvait l'enlever. Il aperçut vraiment les symboles qui figuraient sur ce drapeau, effectivement ils étaient très guerriers. Et il vit par la même occasion quel genre de sport se déroulait en ce moment même dans le stade.
Et quand il en vit la violence, il fit un pas en avant, inconsciemment. Poussé par la même impulsion que les 6 personnes qui étaient venu au secours de Yuki dans le Buveur.

Mais Il s'arrêta, les larmes cessant instantanément de couler, les dernières roulant sur ses joues, le mouvement fut sec, Il tourna le dos et rejoignit Adamas et FinLongFinger.




Clinique du Roy:

Eva et Madhi venait de parler, il était tombé des nues, il ne pensait pas que cela arriverait. Les deux étaient exténués, ils s'étaient endormis l'un contre l'autre de l'autre côté de la vitre, dans la salle d'attente. Mais non loin dormait la fille d'Adamas, cette petite chose de cinq mois à peine était à priori hors de danger. Elle était si fragile, Madhi remerciait intérieurement Yuki, Sauveuse et Météore de s'être s'y bien chargés d'elle malgré la difficulté que ça avait été.

Il se demandait si elle s'en souviendrait, si l'évènement traumatisant qu'elle venait de vivre, dans l'inconscience de son développement, elle allait subir les conséquences de la mort de sa mère, allait-elle avoir peur du feu, Madhi avait opéré rapidement, l'avait-il touché, aurait-elle une cicatrice de l'opération? Allait-elle avoir peur de l'extérieur, après avoir été transportée on ne sait combien de temps dans un ombre-placenta? Allait-elle avoir peur des Quadrillas, les aimer plus? Développer une résistance ou affinité aux ombres-pouvoirs? Allait-elle encore souffrir de tout cela?

Madhi se réveilla sur ses cauchemars balbutiants, mais il ne regarda pas la vitre, il regardait le ventre d'Eva,son visage était fermé, trop d'émotions contradictoires le traversaient. Principalement l'incrédulité, il savait que c'était vrai mais ne le réalisait pas encore, pourtant, d'une certaine manière, il y pensait déjà, comme quelque chose d'acté.

*On ne peut pas être parents, quelle vie on va lui offrir? Jamais là, ou probablement morts dans les années à venir. Trop à s'occuper de sauver le monde pour passer du temps avec notre enfant, pire on pourrait le blesser ou menacer de le faire pour nous faire plier... Et puis Eva sera assez forte, mais moi j'ai tant flanché ces derniers temps, est-ce que j'arriverai à le protéger, à prendre soin de lui, même si j'en ai le temps. Est-ce que ? Et si? Ou bien? ...*

Les pensées de Madhi s'arrêtèrent subitement, comme son anxiété, il était vide et apaisé, toutes les questions restaient justifiées, mais il ressentait le constat de tout ce questionnement, plus qu'il ne le formulait par la pensée.

Cet enfant,
Il l'aimait déjà...

Madhi posa sa tête contre le ventre d'Eva et il se rendormit, un léger sourire aux lèvres, malgré toute la Mort autour de lui, il se laissa bercer par les imperceptibles pulsations de cette petite Vie.

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09 Déc 2019 22:29 #78933

Adamas était assis depuis des heures en tailleur dans sa chambre, face à son lit. Il n'avait pas pu dormir de la nuit, ses yeux étaient cernés et ses joues encore humides : témoignages d'une longue nuit qu'il n'avait pas vue passer.
Face à lui, le corps de Sélina, allongé sur leur couche. Il l'avait soigneusement enroulée dans sa cape rouge. Le jeune homme ne parvenait pas à la quitter des yeux.
Tout s'était tut en lui. Il n'y avait plus de haine, plus de colère, plus de peur même la tristesse l'avait abandonné. Il se contentait d'être là, sans plus, une minute de plus se répétait-il, cette minute était devenue une heure, puis plusieurs heures et finalement cette minute était devenue une nuit.
Le Bug rouge n'avait pas souvent les mots, ni même les mots justes. Pour lui tout était devenu flou, irréel abstrait. Il espérait se réveiller de ce cauchemar, peut être alors reverrait Sélina et qu'elle serait là, qu'elle le regarderait, lui sourirait de nouveau en séchant ses larmes et en apaisant ses craintes.
Mais le monde avait continué de tourner, il avait poursuivi sa course dans l'indifférence ne laissant derrière lui que ce vide alors que le jeune homme tentait désespérément de trouver quelque chose à dire.

***

Hiver 1009 sur les toits de Pôle Sud



Le jeune Adamas était sur ce toit depuis des heures, tenant dans ses mains un livre que lui avait prêté Gladius "L'Histoire des cultures Occidentale". Autour de lui tout était calme, il se sentait bien. Il s'était confortablement installé et emmitouflé dans sa cape rouge trop grande pour lui. Il était en pleine lecture quand elle était venue à lui : d'une beauté à peine croyable, une peau ambrée, des yeux de jade à couper le souffle et une silhouette à faire rougir les muses elles-mêmes. Au début il fit mine de ne pas la voir. Il ignora même son regard félin posé sur lui. Elle, qui le scrutait comme s'il avait été une souris... le petit bug rouge retint sa respiration alors qu'elle se rapprochait de lui. Il vit les lèvres de la jeune fille remuer mais ne la comprit pas :
"Pardon ?
- Je te demande ce que tu fabriques ici ?
(Je pourrai te retourner la question)
- Tu as perdu ta langue ? Elle se dressa face à lui en posant les mains sur ses petites hanches d'un air sévère.
- Non."
Elle avait alors éclaté d'un rire amusé et sincère, du moins il le pensait:
"Ici c'est mon territoire. Elle se mit à lui tourner sans détourner son regard d'une jeune Bug. Tu n'as pas le sentiment de me déranger ?
(Dans la mesure où je ne comptais pas te parler, je ne pensais pas être une gêne potentielle.)
- Tu as encore perdu ta langue ? Hurla-t-elle en le désignant d'un doigt accusateur.
- Non.
- Non quoi ?
- Non je n'ai pas perdu ma langue. S'agaça Adamas en soufflant.
- C'est la phrase la plus longue que tu es faite pour le moment... tu n'es pas bavard par nature ? Elle poursuivi sa rotation autour d'Adamas en se passant un doigt sur les lèvres. Ah je sais ! S'écria-t-elle. Je suis si belle que tu n'oses pas me parler ! C'est ça hein ?
(Je dirai plutôt que je n'ai pas franchement l'habitude de sympathiser avec des inconnus. Mais si tu te penses si belle que tu peux couper couper le souffle d'un homme en même temps que sa verve je t'en laisse le plaisir)
- Tu fais ça souvent ?
- Ca quoi ?
- De ne pas répondre franchement quand on te parle ?
- Oui. Admit Adamas
- Pourquoi ?
(Et voilà maintenant il faut expliquer)
- Hé je te parle tête de mule. Lui asséna-t-elle avec une claque derrière la nuque qui surpris le Bug Rouge.
- Je sais. Répondit Adamas en se frottant l'arrière du crâne l'air bougon.
- Alors ?
- Alors quoi ? S'impatienta le jeune garçon.
- Tu fais ça souvent ?
- Oui.
- T'es pas marrant tu le sais ça ?
- C'est probablement parce que tu es trop belle pour que j'ose te parler." Répondit Adamas avec un sourire.
Elle éclata de rire à cette simple phrase et s'assit finalement à côté de lui. Se fut leur première nuit ensemble. Elle lui raconta sa vie, sa manière de survivre du vol des plus riches.
Il ne lui avait jamais vraiment dit, quoiqu'il se doutât qu'elle le savait. Mais après ce soir-là, absolument chaque soir, il était remonté sur ce toit pour la retrouver. Chaque soir il prenait un autre livre pour lui montrer son nouveau trésor. Il tentait alors sans s'en rendre compte de l'impressionner, de lui montrer ce qu'il savait.
Et chaque soir, c'était Adamas qui finissait par écouter la jeune fille. Il aimait sa voix, elle parlait énormément, parfois trop, souvent trop en fait. Elle parlait de tout, sans pudeur et parfois franchement sans ambages, mais pour une raison qu'il refusait de s'expliquer. Il avait besoin de la voir. Il aimait sentir son coeur se serrait quand elle se blottissait contre lui, il aimait la sensation qu'elle lui procurait dans son estomac quand leur regard se croisaient.
Il ne le savait pas encore, mais il l'aimait déjà à cette époque. Il ne le réalisait qu'aujourd'hui, aujourd'hui que tout était perdu.
***

Aujourd'hui sur Sélénée
Les premières lueurs du Réverbère dardèrent à travers les rideaux fermés de la chambre.
Adamas s'approcha du lit où reposait Sélina. Il s'assit à son chevet et commença à caresser le linceul de sa compagne. Doucement, tout doucement, comme s'il craignait de la réveiller. Et pour la première fois de leur histoire, se fut Adamas qui rompit le silence :
"Tu as toujours été là mon amour."
La voix du Bug Rouge était nouée, chaque parole lui étaient douloureuse, lui brûlaient la gorge, le serraient, l'étranglaient même :
"Tu te rappelles notre première rencontre ?" Demanda-t-il en se frottant l'arrière du crâne.
Il regarda les moulures du plafond pour dissimuler de nouvelles larmes qui perlaient sur ses joues et enflammaient ses yeux :
"Pour la première fois de ma vie j'aurai aimé ne pas revenir les autres soirs. J'aurai dû te laisser tranquille. Peut-être… peut-être que tu aurais pu vivre une vie meilleure, avec un homme qui aurait su t'aimer comme tu le méritais. Un homme avec qui tu aurais pu être heureuse... un homme qui aurait su te protéger..."
Il ferma les yeux un instant pour reprendre contenance et éclaircir sa voix :
"Mais toi tu n'as jamais voulu m'abandonner. Il regarda l’étoffe qui avait la forme de la défunte avec le même regard que lorsqu’ils étaient ensembles, ce regard qu’aucune frontière ne pourrait tenir à l’écart, ce regard que seul ceux qui ont aimé à ce point peuvent connaître. Tu m'as toujours retrouvé, tu n'as jamais voulu m'écouter. Il rit en se rappelant à quel point Sélina pouvait être butée par moment. Il passa sa main sur le sommet du crâne de sa bien-aimée. Et par ma faute..."
Il renifla bruyamment avant de s'allonger au côté de Sélina et posa la tête contre elle :
"Tu n'as jamais cessé de me donner... je ne sais pas comment tu fais Sélina. Tu me donnes toujours tellement. Tu ne pouvais pas juste me laisser, non il fallait que tes yeux de petites filles se posent sur moi. Que tu me fasses dire les choses. Il fallait que tu saches… tu ne pouvais te résoudre à mes silences.
D'autres larmes perlèrent sur l'étoffe de rubis qui enveloppait la jeune femme. La voix d'Adamas devint plus douloureuse encore, plus ténue:
"Je sais que tu n'aurais pas aimé celui que j'ai été ces deux derniers mois. Celui qui buvait, fuyait, celui qui a tué, comploté et fomenté. Toi, je l'ai compris, tu étais amoureuse de celui que j'étais à Pôle Sud. Celui qui a créé le projet Resolve, celui qui voulait utiliser la science pour l'avenir et l'humanité. Tu aimés cet homme… celui que j’ai été.

***

1018 Pole Sud



- Pourquoi fais-tu cela Adamas ?
- Parce que j’aime Pôle Sud, parce que j’aime les gens qui y vivent et que je veux les protéger de la faim. Je veux qu’ils puissent vivre normalement. » Répondit passionnément Adamas.
La jeune femme se pinça les lèvres un instant et sourit d’un air malicieux :
« Adamas ? Est-ce que tu aimes les gens comme tu m'aimes moi ?
- Non. Répondit avec sincérité le Bug qui venait de tomber dans un piège qu’il n’avait pas su voir, d’ailleurs il n’avait pas encore remarqué qu’il s’agissait d’un piège.
- Ha oui ? (Ta voix était devenue comme un ronronnement enivrant je me rappelle.)
- Oui.
- Explique moi.
(Je ne sais pas comment te le dire Sélina... je... je ne suis pas doué pour ça... tu me rends dingue nous sommes si différents et pourtant...quand je te regarde. Je ne peux m’empêcher de t’aimer comme si rien au monde n’avait de l’importance. Mais comment suis-je sensé te le dire ?).
(Tu as alors posé tes mains sur mes joues)
- Tu sais... quand tu cherches tes mots et que tu paniques. Elle rit. Tu chantonnes (Je sais on me le dit tout le temps). Je trouve ça mignon (Au moins tu ne trouves pas ça bizarre), oui très mignon, je crois que je comprends ce que tu veux dire dans ses moments-là, tes pensées, tes silences (et voilà mon coeur s'emballe... je vais encore chantonner comme un con).
(Tu m’avais alors demandé de te raconter l’histoire de cette chanson. Je t’ai alors parlé de ma mère. De l’apaisement qu’elle me procurait. De tout ce qu’elle signifiait pour moi. Nous avions longuement parlé toi et moi. Jusqu’à ce que je finisse par le dire.)
- Je t'aime Sélina.
- C'est tout ? Tout ça pour ça ? (Tu avais éclaté de rire)
- C'était pas bien ? Avais-je répondu timidement.
- Si Adamas, tu as été parfait. Répondit Sélina en éclatant de rire avant de saisir le Bug Rouge par l’encolure de sa cape et mordant ses lèvres avant de l’attirer à elle."
(C'était notre premier baisé, notre tout premier.
***



Il continuait de caresser l'étoffe de rubis avec douceur tout en se blotissant contre la dépouille de Sélina :
"Je vais tout faire pour devenir l'homme que tu voyais en moi. Il hesita un instant avant de reprendre la parole. Comment fais-tu cela Sélina ? Encore là, maintenant tu arrives encore à tirer le meilleur de moi... à me faire oublier la rancœur, la colère... comment fais-tu cela mon amour ? » Il sécha de sa manche les larmes qui continuait de couler sur son visage.
Dehors, le ciel recommençait à s'obscurcir, la journée avait défilée sans même qu'il ne s'en aperçoive, encore une fois :
"Tu sais, j’ai beaucoup réfléchi. Oui je sais, « comme à chaque fois tu me répondrais ». Il rit une nouvelle fois alors que de nouveau les larmes coulaient de son visage. Je voudrais mon cœur, je voudrais que tu prennes ça avec toi. Le Bug Rouge posa la main sur sa cape rouge dans laquelle était emmitouflé le corps de celle qui lui manquait si affreusement. Elle a été ma compagne de longues nuits de solitude tu sais… elle me rappelle ma mère et elle porte un peu son odeur. Je veux que tu l’emmènes avec toi, de l’autre côté. Le Bug Rouge sourit au linceul avec tant de bienveillance et d’amour que le monde aurait pu s'illuminer devant tant d'affection. Je veux que tu partes avec une partie de moi, elle t’accompagnera de l’autre côté et elle te tiendra chaud là où je ne pourrais pas te suivre. Il approcha sa bouche du linceul et y deposa un baiser et l'enlaça de son bras valide pour y murmurer ces derniers mots. Je veux que tu saches que l’homme que j’ai été ces deux derniers mois est mort. Je veux que tu saches que je serai aujourd’hui et à jamais l’homme que tu as aimé. »
***
La veille, Sélénée, Stade du Businessman

Le Bug Rouge se pencha sur Sélina... son corps était brûlé en grande partie, ses yeux avaient fondu, elle était en état de choc et peinait à respirer... Le Bug Rouge la pris dans ses bras. Selina tremblait de tout son corps mais s'apaisa quand elle entendit la voix d'Adamas. Elle posa sa main contre lui. Derrière les voix des autres. Finnlongfinger lui parle mais seuls ces derniers mots sont compris d'Adamas :
"Vous n'avez pas à vous infliger cela Ruber. Laissez-moi l'accepter."
La main de Selina se resserra autour du bras d'Adamas. Il passa sa main à sa ceinture et appuya son front contre celui de sa bien aimée:
" C'est ma faute... prononça-t-il la gorge nouée. C'est donc à moi de le faire..."
Il ne pouvait regarder ses freres et soeurs dans les yeux, ni meme son ami. Ils n'avait pas à payer pour lui, ils avaient tant fait, meme Yuki avec qui il avait été si injuste:
" Est-ce que vous pourriez, s'il vous plait, nous laisser un peu tous les deux ?"
Le Bug se pencha prêt du visage de Sélina et déposa un baisé contre son front. Il avait encore tellement de choses à lui dire… il chercha ses mots un moment puis finalement ils vinrent à lui naturellement :
"Je t'aime Sélina, dit-il d'une voix tremblante.
Les lèvres de la jeune femme formèrent un léger sourire tremblotant et le Bug Rouge entendit pour la dernière fois :
"Tu as été parfait."
Adamas posa les doigts sur la détente de son revolver, son visage contre celui de sa compagne.

PAN

Il n’y eut plus un bruit dans la pièce. Le Bug Rouge se redressa de toute sa hauteur, portant la jeune femme dans ses bras. Derrière lui un soldat de Tantury se redressa sur son séant, levant la main en signe de soumission :
« Non pitié, pitié ne me faites pas de mal. Je… je vous demande pardon. Je n'ai fait qu'obéir aux ordres.»
Adamas l'ignora l’homme et l'enjamba sans même un regard.
***

Centre hospitalier de Sélénée, le matin même.
Le jeune père regardait à travers la vitre de la couveuse le dernier témoignage d’amour de Sélina à son égard. Un tout petit être dont le cœur battait et qui de ses yeux clos semblait néanmoins sentir sa présence et s’apaiser quand il était tout prêt.
Adamas ne put retenir ses larmes une nouvelle fois. Il les essuya d’un revers de la manche et appuya sa main contre la vitre de la couveuse. Le petit dont la respiration était si saccadée sembla se calmer encore un peu plus. Elle savait qu’il était là, elle le sentait il en avait la conviction :
« Bonjour toi. Dit-il tout doucement. »
La jeune vie hoqueta, montrant qu’elle l’entendait :
« Tu es magnifique. Continua-t-il en caressant la vitre du bout des doigts. Comme ta maman. »
La petite chose fripée pleura un peu à la mention de sa maman :
« Je sais. A moi aussi elle va me manquer tu sais. Le jeune père retint ses larmes à la mention de Sélina. Mais je suis là moi. »
Le Bug Rouge mit un genou à terre et rapprocha sa bouche du verre pour murmurer à l’oreille de son bébé alors qu'un sentiment qu’il ne pouvait décrire le gagnait: un amour profond, inconditionnel. Il aima immédiatement ce petit être si fragile qui gesticulait dans cette capsule de verre. Encore une fois, les mots lui vinrent facilement:
« Tu es l’amour de ma vie ma petite Rose. Tout ce que je suis... tout ce que je possède.... est à toi... pour toujours. »
Pendant un instant, fugace mais merveilleux, le Bug Rouge eut l’impression que pour la première fois, la petite Rose avait ouvert un ses petits yeux de jades.
Adamas sourit encore une fois :
« Elle a tes yeux mon amour. Tu as vu ? Elle a tes yeux… dit-il tout doucement le regard émerveillé.
(Tant qu’elle n’a pas ton caractère crétin.)
(Et maintenant je fais quoi chérie ?)
(Je sais que tu sauras quoi faire beau gosse, dans les moments où on a besoin de toi, tu as toujours su quoi faire. Donc je ne me fais pas de soucis pour elle.)
Le Bug Rouge, ramena une chaise près de la couveuse et s’assit confortablement avant de sortir un livre de son sac. Il lui conta alors la première histoire… d’une longue série… très très longue série.

(merci à ceux qui auront pris le temps de lire ce pavé. Mais j'y ai mis beaucoup de coeur malgré ses défauts).


" Morguurh..c'est toi ?
- Morguurh ? Morguurh est mort, mais vous pouvez toujours m'appeler... Joker."

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10 Déc 2019 08:35 #78937

Joker écrit: (merci à ceux qui auront pris le temps de lire ce pavé. Mais j'y ai mis beaucoup de coeur malgré ses défauts).


:larme: :larme: :larme:
Tu as réussi à me faire pleurer... :-(


Mello ;-)

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