« Isill ! Où es-tu ? »
Rho la barbe… Ils m’ont retrouvée.
Les gardes de mon père ne me laissent jamais tranquille ! Bon, ok, le fait que ce soit les meilleurs protecteurs de notre village font aussi d’eux les meilleurs précepteurs. Mais flûte quoi ! J’ai 80 ans ! J’ai le droit d’avoir une vie moi aussi !
« Aegnor, regarde ! Rÿn est ici. Elle ne doit pas être bien loin. »
Effectivement, je n’étais pas bien loin, juste au-dessus d’eux pour être plus précis. Je saute sur le premier, j’attrape la tête du second, par un tour de passe-passe très habile, je les attache ensemble à l’arbre dans lequel je me prélassais 5 minutes plus tôt puis je recule, un sourire aux lèvres pour apprécier mon travail tout en caressant la tête de Rÿn qui semblait elle-aussi s’amuser de la situation. Pour autant qu’un loup puisse montrer de l’amusement.
« Isill, ça suffit ! Ton père t’attend. »
Je les détache en bougonnant puis ils me conduisent devant le chef de notre village, Aldaron, mon paternel….
« - Isill, ma lune. Il semblerait que tu passes plus de temps à discuter avec les animaux de la forêt qu’à assurer tes devoirs de protectrice du village…
- Mais… ?
- Ne me coupe pas la parole. Tu es grande maintenant, il est temps pour toi d’accomplir ta première mission. Ta marraine, Felindra, te réclame auprès d’elle. Demain tu prendras la route pour la rejoindre au village humain de Clairval.
- Quoi ? Même pas en rêve ! Je m’en fous, je n’irais pas chez les humains ! Ils sont moches, ils puent et ils sont complètement débiles !
- Je crois bien que je ne te laisse pas le choix ma fille. Tu feras ce que je te demande, un point c’est tout. Felindra t’attend, prépare ton voyage. »
Et me voici donc à suivre ses dernières instructions : rejoindre une caravane humaine qui fait route vers Clairval et qui a été aperçue à quelques dizaines de kilomètres vers le sud.
Sérieusement, des humains quoi…. Pffff, il abuse mon père. Comme si on avait réellement besoin d’eux… C’est plutôt l’inverse oui.
Et puis ils sont tellement bruyants ! J’ai commencé à les entendre au moins 20 minutes avant d’arriver à l’orée de la forêt. Rÿn m’accompagne bien entendu, elle est ma sœur, et elle aussi semble peu pressée de rejoindre cette troupe, elle se traîne.
Je m’approche doucement et… Horreur ! Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Comment peut-on être aussi grand ? Et comment peut-on être aussi petit ? Et comment peut-on être aussi moche…. ? Je m’attendais à voir des humains par dizaine mais je m’aperçois que la troupe comprend un mélange de toutes les espèces existantes sur ce monde !
Bon, peut-être pas toutes, j’exagère, mais quand même ! Il y a au minimum une halfeline, un nain, un haut-elfe (beurk !), un gobelin (!!!) et… un orque ? Ou une moitié d’orque peut-être, ce n’est pas très clair quand on le regarde… Bref, une belle bande de ploucs.
Soyons clairs, je ne vais pas me mêler à eux. Je vais garder mes distances. Après tout, je peux très bien les suivre tout en restant à couvert dans la forêt. Et puis cette odeur…. Oui, je vais faire ça.
C’est là que la pluie a commencée à nous faire l’honneur de sa présence…. sans s’arrêter.
J’aperçois au loin une auberge. La troupe semble se diriger vers celle-ci. Bon, je pense que je vais m’approcher un peu. Je vais peut-être me cacher dans l’écurie. On y sera très bien avec Rÿn.
D’habitude, dormir dans les arbres ne me pose pas de soucis mais là il pleut à torrents. Et puis, si mon père apprend que j’ai dormi seule dans la forêt, sous la pluie, plutôt que de me joindre aux humains comme il me l’a demandé…. Il va me tuer. Et je peux vous assurer que mon père le saura, il sait toujours tout, c’est très chiant d’ailleurs.
Bref, lorsqu’ils sont tous entrés dans l’auberge, je me faufile jusqu’à l’écurie, où je découvre…. un troll ? Ha non, c’est le semi-orque qui s’est posé là. Je l’observe quelques instants, puis je regarde Rÿn. Elle semble curieuse mais pas du tout inquiète donc je me détends aussitôt puis je vais me placer à l’autre bout de l’écurie, dans un angle sombre d’où je peux tout voir. Et je prête l’oreille. J’écoute les conversations qui ont lieu dans l’auberge et j’en profite pour prendre quelques infos sur mes compagnons involontaires.
Le gobelin s’appelle Xul. Je n'ai pas très bien compris s'il est brasseur de bière ou ambassadeur, ce n'est pas clair. Peut-être qu'il fait les 2... Le nain s’appelle Kronyr BriseRoche est c’est une sorte d’archéologue. Le haut-elfe semble être un astrologue qui s’appelle « Bidule ». On devrait bien s’entendre puisque moi-même je porte le nom d’un astre. Haha, la bonne blague... Quant à la petite, c’est une barde halfeline qui s’appelle Primeverte.
Elle semble très bien connaître cette auberge car sa famille habite dans le coin. Elle pensait retrouver Jerro, un ami à elle, ici-même, à l’auberge du Vieux-pont. Sauf qu’il n’y a pas de traces de ce fameux Jerro. L’aubergiste, un dénommé Tom, dit ne pas l’avoir vu. Et à part la troupe qui vient d’arriver, il n’y a qu’un vieillard et 2 hommes au comportement louche d’après les chuchotements de certains.
Puis tout bascule. La tempête se déchaîne et j’entends un énorme bruit. Un grand chêne s’est écroulé sur le toit de l’écurie après avoir été frappé par la foudre. Je bondis à l’extérieur pour voir l’étendue des dégâts et je suis aussitôt rejointe par la majeure partie des personnes présentes dans l’auberge.
Puis nous entendons des bruits et des cris dans l’auberge, la petite halfeline se dispute avec les 2 hommes et l’aubergiste qui lui barrent le chemin pour accéder à une porte en contrebas des escaliers.
C’est là que je les entends, avec toute l’agitation qu’il y a eu précédemment je n’y avais pas prêté attention. Des sortes de petits cris étranges et effrayants. Ils viennent de l’autre côté de la porte.
Nous voici donc tous unis pour la première fois afin d’ouvrir cette porte et de combattre ce qui se trouve derrière. Nous parvenons à ouvrir (défoncer ?) la porte et des homme-rats en sortent en courant. Le combat s’engage aussitôt. Je ne vais pas vous décrire le combat en détail, ce serait trop long… même si c’était assez amusant de combattre aux côtés de personnes tellement moins gracieuses que moi.
Une fois débarrassés de ces créatures (qui cherchaient surtout à s’enfuir), nous sommes entrés dans la cave où nous découvrîmes Jerro ligoté, bâillonné et à moitié noyé : une inondation prenait de plus en plus d’ampleur dans la cave, probablement à cause de la pluie ininterrompue depuis plusieurs jours.
A ses côtés, une énorme caisse remplie de… Quoi ?!? Non ! Ils n’auraient pas osé ? Je m’approche un peu plus et oui, ce sont bien des cornes de licorne…. Je me retrouve à pleurer silencieusement devant cette vision d’horreur.
Libéré, Jerro raconte aux autres qu’il a surpris les 2 hommes louches dans leur activité de contrebande, activité dans laquelle ils avaient mouillé l’aubergiste. Ils l’ont alors assommé puis emprisonné dans la cave.
Quant aux hommes-rats, leur apparition semble avoir résulté de la pure coïncidence : la montée des eaux les a poussés vers la surface, eux qui vivaient jusqu’à présent dans un réseau de galeries passant sous l’auberge.
Tom, l’aubergiste, se repent et jure qu’on ne l’y reprendra plus. Il semble sincère.
Quant à moi, choquée par cet odieux trafic, je repars dans la forêt rendre à la Nature ce que les contrebandiers lui ont pris. Les humains sont exactement comme je le pensais…. C’est décevant.
"Bidule" est prié de me communiquer son nom qui est sorti de ma petite mémoire afin que je puisse modifier le texte en conséquence. Merci ! ^^
