Je me suis sentie … flotter dans le noir, dériver dans un grand vide… un grand flash lumineux…
Une grande pièce sombre aux murs de pierre, il y règne une odeur d'humidité. Des hommes en capuches noires avancent en silence vers un autel de roche sombre d'où partent des symboles étranges au sol qui luisent d'une lueur étrange. Sur l'autel, un enfant d'une dizaine d'année est enchainé, il pleure doucement et se débat à peine. Il semble épuisé et des sillons de larmes séchées maculent ses joues.
Les hommes en noirs s'avancent jusqu'à l'enfant, ils prennent place autour de l'autel de pierre. L'un des sectateurs tient un coffre dans ses mains. Un autre, se place en face de l'enfant pendant que les autres psalmodient des paroles incompréhensibles.
Il prononce des paroles d'un ton solennel :
« Oh toi, enfant prophète. Légataire du pouvoir de mener les hommes vers la lumière.
En ce jour, reçoit le fragment de notre maitre.
Offre ton corps et ton âme au service des ténèbres. »
L'homme sort du coffre un cristal noir en forme de fine pointe.
« Reçoit l'éclat de la puissance des anciens.
Ainsi le monde retournera à l'obscurité. »
Il lève la main, l'enfant hurle de terreur. L'homme en noir abat son poing et la pointe vient se planter dans le cœur de l'enfant.
Après quelques secondes, de l'éclat de cristal, des volutes de fumé commencent à s'échapper, ils recouvrent petit à petit le corps de l'enfant. Les hommes psalmodient de plus en plus fort.
Entièrement recouvert d'ombre maintenant, un violent coup de tonnerre retentit et les ténèbres s'insinuent à l'intérieur de l'enfant.
Un instant de silence, les hommes ne parlent plus, l'enfant a les yeux fermés. Il les ouvre et on n'y voit que deux puits d'obscurité sans fin.
Dans une forêt verdoyante, une jeune femme marche. Elle rentre de la chasse et ramène une proie à son village. Elle se rapproche de son foyer, vois les maisons au loin.
Sans trop savoir pourquoi, une sourde inquiétude s’empare d’elle. Elle accélère le pas. Le village est ravagé, dévasté et abandonné. Les rares villageois qu’elle peut apercevoir sont à moitié dévorés. Elle se met à courir vers sa maison, vers sa famille. Son cœur bat à se rompre. Des traces de combats sont visibles à l’entrée, elle pousse la porte.
Sa famille gît dans la demeure. Alors qu’elle ne sait que faire, elle aperçoit du coin de l’œil sa sœur, debout à ses côtés. Elle se tourne pour la regarder. Sa sœur la fixe, elle n’a plus d’yeux, juste des puits noirs.
« Tu es partie. Tu nous as abandonnés. Tout est ta faute… » Les autres membres se lèvent, continuent la même litanie envers la jeune femme désemparée…
Elle essaye de fuir mais ne peux rien faire.
Le ciel est noir. Le tonnerre gronde. La pluie s’abat violement sur la ville. Un château lugubre se dresse au loin. L’air sent la boue et l’humidité.
Un homme se tiens sur une place, il est trempé.
Il aperçoit un corps dans la rue, une personne, morte, emportée par la maladie des pierres.
L’homme commence à errer dans les rues. Il n’aperçoit que des morts, la maladie des pierres a ravagé l’ensemble de la ville, il n’entend que le bruit de la pluie et de ses propres pas. Instinctivement, il se dirige vers la maison de celle qu’il porte dans son cœur.
Il doit forcer pour ouvrir la porte, sa belle gît, frappé par le même mal.
Des murmures commencent à se faire entendre autour de lui.
Des petites créatures commencent à l’entourer et à le haranguer. Il reconnait celle qui a donné sa vie pour sa belle.
« Tu as gâché le don. Tu es un bon à rien. »
Il attrape le corps de la jeune femme, une secousse fait trembler la ville et une explosion se fait entendre. Il sort de la maison et essaye de fuir, il se fait rattraper par un monstre, un agrégat de corps qui essaye de le rattraper. Les créatures le suivent et continue de le harasser, de l’insulter.
Il finit par trébucher, le monstre le rattrape, tend la main, il essaye vainement de se débattre.
Une grande pièce lumineuse avec de grandes portes fenêtres. Le vent fait doucement bouger les rideaux. Je suis assise dans une grande chaise dorée, j’entends de la musique dans une autre pièce et décide d’aller voir.
Maître Sylvarant est assis sur le bord d’une terrasse, il joue de la musique. Il me regarde et sourit doucement. Quand je m’approche de lui, il tend la main vers l’extérieur.
« Regarde la beauté du monde. »
Dehors, tout est calme et agréable. Le paysage est idyllique, des jardins fleuris s’étendent à perte de vue. Des enfants jouent, des marchands passent dans les rues, tout est paisible.
Une poigne douloureuse sur mon épaule. Je tourne la tête pour regarder. Le prophète Noah se tient à mes côtés.
« Regarde la beauté du monde. »
Par-delà la terrasse, le monde est ravagé, à feu et à sang. Les enfants mendient dans la rue. Des armés marchent sur la ville. Des personnes sont en train d’agresser et de tuer les habitants.
Je me mets à fuir, j’aperçois mes camarades, ma famille, un peu plus loin, je me mets à courir avec eux.
Un brouillard noir nous poursuit. Cette course est vaine, un à un, je vois me amis se faire happer par l’ombre. Je ne peux rien faire pour eux. Ne reste que Herzebeth et moi, elle me tient par la main pour m’aider à courir.
Je jette un regard en arrière et quand je me retourne de nouveau, c’est le prophète Noah qui me tient la main.
« Tu ne peux pas m’échapper. »
Une femme est assise au bord d’un lit dans une grande pièce luxueuse. Elle porte une robe de mariée et attend son mari.
Au bout d’un moment, quelque chose la dérange, elle ne sait pas exactement quoi. Une odeur étrange lui parvient par la porte. Elle ouvre la porte pour aller voir et chercher son époux. Elle parcourt de nombreuses pièces, il fait de plus en plus chaud. Au loin,, son mari l’appelle. Elle passe de pièces en pièces de plus en plus vite. Elle connait cet endroit, elle y a grandi. Pourtant, elle ne trouve pas son chemin, a l’impression de tourner en rond.
Au fur et à mesure qu’elle avance, la chaleur est de plus en plus insupportable, des meubles commencent à s’enflammer sur son passage. Elle ne parvient pas à le trouver. Elle tourne en rond.
Elle finit par entrer dans une pièce où elle voit enfin l’homme qu’elle aime. Il lui tend la main. Brusquement, l’homme s’embrase, se tord de douleur et hurle.
Elle est incapable d’agir, ne peux pas l’aider.
Par la fenêtre, elle voit une jeune femme, sa sœur, une torche à la main.
La jeune mariée est encerclée par les flammes, un craquement retentit et le plafond s’effondre sur elle.
Une chambre d’enfant. La jeune mère est en train de border et de bercer son bébé, elle chante. Le tout petit commence à s’endormir.
Des bruits dans le couloir. Elle arrête de chanter. Des bruits lourds, de ferraille s’approchent. Des hommes en noir ouvrent la porte, des soldats morts gisent dans le couloir. Les hommes sont armés et font irruption dans la pièce. La mère rassure son enfant, elle lui dit que tout va bien se passer. Elle fait face et se jette sur ses assaillants. Elle combat vaillamment, met deux hommes à terre et repousse les assauts des autres. Le combat est rude mais elle tient bon. D’autres hommes en noir finissent par trépasser. Les attaques répétées finissent par la blesser mais elle reste concentrée sur le combat.
Des volutes de fumée noires entrent doucement dans la pièce.
Il ne reste finalement que deux hommes, la mère est gravement blessée. Elle achève l’un d’entre eux mais le dernier en profite pour lui asséner un coup de poignard et elle s’effondre.
L’homme s’approche de l’enfant, il est impuissant devant la scène. L’assassin lève le poignard. L’enfant ferme les yeux. Le coup ne vient pas. Quand il les ouvre de nouveau, sa mère a bloqué le coup, elle met ses dernières forces pour repousser l’ultime assaillant. La lutte est difficile mais elle finit avec peine à retourner le poignard contre l’agresseur. Elle se traine avec peine jusqu’à son fils, attrape son médaillon et le met au cou de l’enfant. La femme s’effondre doucement.
Deux hommes pénètrent dans la pièce, ils sont vêtus comme les agresseurs, ils veulent tuer le jeune garçon.
Un rayon de lumière les transperce.
Une femme en noir avec des cornes entre dans la pièce. Elle s’approche de la mère et se penche sur elle.
« Tu t'es bien battue pour défendre ton enfant mais pour la grande tragédie qui se prépare, je ne peux pas le laisser ici, pour ton courage, il vivra, mais il oubliera jusqu'à son nom. »
Elle prend l’enfant dans ses bras, ouvre la fenêtre et se jette dans le vide.
Jour 222 :
Je ne sais pas trop ce qui s’est passé ni où je me suis réveillée… je me suis réveillée dans une chambre que je ne connaissais pas. Le lit était très confortable, il y avait de grandes fenêtres et beaucoup de lumière. La porte avait une forme bizarre. J’étais toute seule. Mes affaires étaient posées dans la pièce. Par la fenêtre, je ne voyais que l’immensité du ciel bleu et… une mer blanche… de nuages… J’ai vérifié mais je n’étais pas blessée… J’ai eu peur… La dernière chose dont je me rappelle c’est… le prophète…
Le… prophète…
Monsieur Noah…
C’est …
Il…
C’est horrible…
Ce que j’ai vu, l’enfant… c’était lui…
C’est logique, la secte l’a trouvé avant qu’il n’arrive à la capitale. Ils ont pu… faire çà de lui.
Il n’avait même pas mon âge, c’est… cruel… Le pauvre Noah, seul, sans famille et plongé dans toute cette horreur…
Personne n’a rien vu, personne n’est intervenu, personne ne l’a sauvé… Il a dû tellement souffrir et se sentir seul et abandonné pour finalement disparaitre avec l’ombre…
Ça m’as fait une peine immense de comprendre… je n’imagine même pas ce que lui a dû endurer…
Et ce… rêve… ? Les autres… ils sont… l’ombre… elle les a rattrapés… Je n’ai pas pu les sauver…
Pendant que je réfléchissait à tout ça, à ce qui a pu se passer, est-ce que tout est vrai, est-ce que je suis morte ou pas, est-ce que les autres vont bien, à l’endroit où je pouvais être… la porte a fini par s’ouvrir. J’avais peur de regarder et suis restée sous les couvertures. J’ai entendu quelqu’un me parler et c’est une voix que je connaissais, j’ai regardé et c’était monsieur Dymloss ?!
Vrai de vrai, il était bien là, que j’étais bien vivante, que je ne rêvais pas et que les autres étaient là aussi !!
Ils ont pas été engloutit par l’ombre… ça m’a fait peur, j’ai cru que c’était vrai qu’on était tous mort… même que tout le monde était là, à l’entrée de la pièce… sauf Zebeth et Tobo, du coup j’ai eu peur mais Kumiko m’a dit qu’ils étaient là aussi et qu’on allait les chercher, j’étais rassurée, j’ai fait un câlin à Kumiko. Je l’aime beaucoup Kumiko.
On est arrivé dans la chambre de Zebeth, elle avait mis un truc pour bloquer la porte et avait l’air pas bien, Dymloss a tout poussé et on est entré. Zebeth était dos à nous devant la fenêtre. Dymloss a dit de le rejoindre dans un instant pour nous expliquer des trucs, tout le monde a attendu un peu dehors. Zebeth était pas bien, elle avait pleuré… du coup je lui ai fait un gros gros câlin… je ne sais pas trop faire autre chose… mais j’espère que ça marche un peu quand même…
Après on est partit voir Dymloss du coup, Kumiko a expliqué qu’on était chez lui en fait.
C’est … étrange chez lui. Il y a des textes qui ressemblent à la ville d’Ygrit. En chemin, il y avait plein de trucs exposés. Des uniformes de plusieurs pays et même certains qu’on ne connaissait pas du tout, plein d’armes toutes plus étranges les unes que les autres, des statues tellement réalistes qu’on aurait dit qu’elles allaient bouger.
On est arrivés dans une grande salle avec un monsieur que je ne connais pas, il était… étrange. Il a des cornes rouges avec de drôles de vêtements et un air un peu… narquois. Kumiko elle a dit que c’était… Dymloss mais il lui ressemble pas… il a dit qu’il s’appelle Zarenheist. Que Dymloss c’était une de ses identités actuelles.
Ling a demandé où était son père… malheureusement, il n’a pu sauver que nous… ça veut dire… Ysilde, monsieur Max et les autres… et le père de Ling aussi…
L’ombre du monde nous a vaincu, il ne pensait pas que ça arriverais aussi vite, il avait prévu d’autres évènements. Ça fait un mois que l’ombre du monde nous a battus…
Protéa a marché sur l’empire Ashraat et elle siège actuellement sur la capitale Ashraat : Kardan.
Dymloss a dit qu’il n’avait pas bien compris la prophétie vu qu’elle est ancienne. Ce n’est pas le fait d’avoir des reliques qui fait que l’on bat l’ombre du monde, c’est ce qu’on fait, nos actions, le chemin parcouru pour récupérer les reliques… c’est même plus que des actions, c’est un état d’esprit, il a pu le remarquer à priori avec le dernier coup qu’Herzebeth a porté à l’ombre car elle avait accepté de porter le fardeau, c’est sa motivation qui fait que le coup a porté. Que c’est clair pour lui, qu’il faut qu’on veuille devenir des héros…
Il a décidé de nous mettre sur cette destinée pour voir comment faire des héros mais ça ne peut pas se construire comme ça, il faut qu’on le veuille.
Si on veut, il peut nous conduire de nouveau à l’ombre du monde et qu’il allait nous laisser le temps de réfléchir…
… Pendant qu’il expliquait tout ça, j’étais en train de bouillir, non mais il s’est pris pour qui ? Tout le monde crois qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent de nous, nous faire faire des choses comme ça sans rien nous dire et nous manipuler pour voir ce que ça fait…
Kumiko a demandé où il avait récupéré ce qu’il y a chez lui. Il a répondu que ça fait longtemps qu’il collectionne. Il a fini par nous dire qu’il est un… homme dragon, une race qui crée des histoires qui servent à créer de nouveaux mondes et pour ça il a besoin de protagonistes… nous…
La femme qui était avec l’empereur en était une aussi mais elle a mal fini. Elle est morte car l’ombre du monde attendait sa venue et lui a tendu un piège. Et même lui ne s’en est pas sorti indemne…
Herzebeth a demandé son rôle dans tout ça, il a répondu qu’il donnait juste des coups de pouces et qu’il n’intervenait pas trop… il n’a pas créé l’ombre du monde, c’est bien la création d’un peuple ancien et il a ré expliqué comment elle avait été créée. A partir de la source d’énergie de la ville qui alimentait tout chez eux. Cette population voulait à tout prix s’étendre et du coup, ils se sont heurtés aux autres peuples et ont fini par avoir plein d’ennemis. Ils ont fini par cristalliser plus que des énergies positives, ils ont remarqué que des sentiments négatifs étaient plus puissants. Malheureusement, ils n’ont pas su contrôler cette puissance, le cristal c’est fragmenté et a créé une entité qui se nourrit de chaos. Elle revient régulièrement pour créer peine et chaos aidé d’une secte…
Il savait tout ça mais n’était pas sur de qui était l’ombre du monde mais il avait des doutes…
A ce moment, j’ai juste eu envie de le frapper mais Herzebeth m’a retenue. Il savait… il nous a rien dit… tout ce temps… ca aurais pu tout changer… éviter tous ces problèmes… tous… les morts…
Mais non, il a préféré… regarder ses… protagonistes !!
Marionnettes…
…
Je les déteste…
Il est partit pour nous laisser réfléchir.
J’ai fait un énorme câlin à Ling et Herzebeth… bon je suis la seule à pleurer mais c’est trop injuste…
Surtout que Zebeth a expliqué que sa sœur lui a remis une lettre sur le champs de bataille… elle explique le rôle de la confrérie des masques, comment elle a commencé à travailler pour eux en pensant œuvrer pour le bien du pays, comment elle a commencé à avoir des doutes, qu’elle a eu pour mission d’empêcher le frère adoptif de Zebeth de continuer à enquêter sur eux, qu’elle a eu pour mission d’annuler son mariage mais n’a pas pu faire autre chose qu’essayer de la convaincre, comment elle a été attaquée, laissée pour morte et a rencontré l’empereur Ashraat, qu’ils ont lutés avec le groupe contre l’ombre du monde et qu’elle essayait désespérément de tout expliquer à sa sœur pour qu’elles puissent se réconcilier…
Ca aurais été autrement j’aurais été contente, j’avais dit à Zebeth que si ça se trouvait, sa sœur était pas méchante et qu’on ne comprenait juste pas… c’est… pas juste que j’avais raison mais qu’elles ne peuvent pas prendre du temps pour elles…
On est partit faire un tour avec Zebeth…
Elle m’a demandé si je voulais y aller… c’était un peu vexant quand même, comme si j’allais rester en arrière et me cacher… mais bon au moins elle était fière de moi. Toutes ces histoires me… blasent un peu… mais au moins on est d’accord avec Herzebeth, on va tous les démonter !! Tout les deux !!
On a profité, il a dit qu’on pouvait se servir en termes de matériel pour le lendemain. Zebeth m’a préparé plein d’équipement tout bien pour moi, une armure, une arme. Pendant ce temps-là, avec Tobo, on a prévu plein de plantes pour qu’on soit plus efficace avec la magie.
Avant d’aller dormir, on a profité pour faire plein de sorts de support sur tout le monde avec des plantes bien pour que ça dure jusqu’au combat de demain. J’ai hâte d’en finir avec l’ombre.
Je veux pouvoir protéger ceux que j’aime, mes compagnons de voyages qui sont devenus ma nouvelle famille, quitte à en mourir mais qu’ils puissent vivre dans un monde paisible.