Lycéenne / Magical girl ~Ame no ukihashi no ue no mahō shōjo~ [ 5/5 joueurs ]

Gojo, le 18 avril 1988

Bonjour Seifen,
Shui était de retour aujourd’hui. Et elle va aller s’inscrire à la chorégraphie… Si ça l’amuse, qu’elle en profite après tout !
Sakuma en revanche est malade… Ca risque en plus de durer un moment !

En sport, Shui et d’autres filles de ma classe se sont senties mal à l’aise. Et ce n’est apparemment pas à cause du maillot de bain inconfortable du lycée ! Elles ont eu l’impression d’être épiée durant la séance.
Nous avons regardé, mais vu personne. Il faudra regarder d’un peu plus près, on ne sait jamais…
Je te tiendrai au courant de cette histoire, ne t’inquiète pas. Je n’ai pas l’intention de laisser ça de côté !

Tahani

Gojo, le 19 avril 1988

Bonsoir Seifen…
La journée a été longue aujourd’hui. Vraiment, il y a des personnes stupides !
Ce matin, j’ai retrouvé de la mousse à raser dans mon casier. Matsuo m’a alors gentiment prêté des chaussures.
Je pense que je vais demander à Madame Ohno d’acheter un bout de tissu pour les protéger le soir, étant donné que je doute que celles qui ont fait ça ait une illumination de sagesse.

Autre chose aussi arrivée aujourd’hui : Shui a trouvé un petit mot pour “Shui-chan” dans son casier. Il est de Ienobu, le garçon du club d’art. Il lui donne rendez-vous au “Café de Mama” à 18h30. Nous avons décidé de l’accompagner discrètement, on ne sait jamais.
Pour cette affaire-là aussi je te tiendrai au courant !

Je t’aime, Seifen.

Tahani

Gojo, le 20 avril 1988

Bonjour Seifen,
Je parlais de sagesse hier ? Visiblement, je dirais que ceux qui font les choses stupidement méchantes dans ma classe continuent à creuser dans leur abîme de bêtise.
Ils ont été bénis par Seth à la naissance, ce n’est pas possible autrement !
Iga (celle qui passe son temps à vouloir ressembler à une personne à la peau sombre en s'abimant la sienne sous les UV) a tenté de mettre le feu au cours d’économie domestique, juste par ennui !
Mifune l’a vue aussi et l’a interpellée, permettant au professeur Enomoto de la voir. Elle a fini dans le bureau du proviseur, et ses parents devaient venir. Ce que je redoute, c’est que Mifune soit du coup à l’avenir cible de ses railleries. Nous verrons.
A ce sujet, j’ai demandé à Madame Ohno un cadenas pour le casier et un sac en attendant.

Dans les affaires suivies, il y avait le rendez-vous de Shui. Rien de mal ne s’est passé, tout va bien. Ienobu est arrivé, lui a fait un baise-main et offert une fleur. Il lui a parlé de lui surtout et Shui semble complètement sous le charme.

Je vais te laisser, Seifen… Je vais continuer de réviser encore un peu avant de me coucher.
A bientôt,

Tahani

Gojo, le 21 avril 1988

Bonjour Seifen,
Ca sera rapide aujourd’hui ! Comme je le craignais, Mifune va être la nouvelle cible d’Iga et ses associées.
En représailles, Zukibayashi m’a demandé de lancer une rumeur sur Iga-san… Elle a pris pour le moment. Même si ça ne durera pas longtemps !
Toujours rien concernant le cours de natation. Je pense que je regarderai mieux lundi !

J’aimerais vraiment que tu sois avec moi…

Tahani

Gojo, le 25 avril 1988

Bonjour Seifen !
Nous avons trouvé ! Nous avions toujours l’impression d’être observées à la natation, sans pour autant voir qui que ce soit.
Le soir, après les clubs, nous avons donc fait un tour autour de la piscine pour tenter de repérer un endroit où il y aurait vu dessus. Mais… Zukibayashi a trouvé un trou dans le mur du bureau.
Nous avons discuté des représailles à prendre (jus de citron, encre indélébile, charbon…) mais avons opté pour aller voir le professeur Honoki. Elle a eu l’air particulièrement choquée par la nouvelle et nous a assuré qu’elle s’en occupait.

J’espère que ce problème sera résolu, maintenant.
A très bientôt,

Tahani

Gojo, le 27 avril 1988

Bonjour Seifen,
Dans la catégorie “rumeurs du lycée”, il y a du nouveau. Nanbu, une des amies d’Iga, était avec Takenaka. C’est une certitude ce fait, Shui et moi les avons vu ensemble dans la salle de rangement de gym hier en sortant du club d’art (Shui a été servir de modèle).
A midi, une fois l’union consommée la veille, Takenaka a mis fin à leur relation. Non sans lancer une bien méchante rumeur concernant Nanbu…
Il faudra un jour qu’on m’explique l’intérêt de blesser les autres. Ca me dépasse encore…

Je sens que ça va mal finir encore tout ça !

Tahani

Gojo, le 28 avril 1988

Bonjour Seifen !
Aujourd’hui, j’ai beaucoup de choses à te raconter…
Tout d’abord, la vie de classe. Wada a encore été victime d’un “incident”. A la pause de midi, Ukita a tamponné son bureau et fait tomber de son sac des photos à caractère pornographique.
Forcément, Wada s’est enfui…
Zukibayashi a récupéré les images et les lui a remises dans son sac. Si c’est lui, il est stupide. Si ce n’est pas lui, c’est cruel !

Zukibayashi nous a dit, une fois tranquilles toutes les cinq, que les kogarus avaient parlé d’une “soirée barbecue” ce soir au lycée.
Nous avons craint du coup qu’elles cherchent à y mettre le feu…
Du coup, nous avons planifié de retourner au lycée au cas où (que nous puissions prévenir les pompiers de suite !) J’ai dit que Shui avait oublié des affaires au lycée, n’avant pas compris que la Golden Week était fériée et demandé à Yamamoto de nous amener.
Là, une salle de cours était allumée. Nous sommes montées discrètement et avons surpris Iga et Sachiko aller invoquer Hanako dans les toilettes. Et là… je vais à nouveau te parler de fantôme.

Les deux kogarus l’ont bien invoquée ! Nous les avons entendu l’invoquer, il y a eu un bruit comme si quelqu’un avait été propulsé et une réponse : “je suis là”
Nous avons été voir, les deux écervelées étaient dans un état entre l’inconscience et la paralysie.
Il y avait aussi une enfant avec une jupe rouge, des bretelles rouges et des cheveux noirs coupés courts qui sautillait dans le couloir.
Et au travers des fenêtre, la montagne avait disparu. Il y avait une brume iridescente et une ville à l’horizon : Tokyo, mais plus vieille.
Soudain, il y a eu des sirènes et la petite fille a couru se réfugier dans les 3e toilettes. Des avions de la Seconde Guerre Mondiale sont passés, des bombes ont été lâchées sur la ville et… la petite fille est ressortie des toilettes pour aller parler à Mifune et lui dire qu’elle n’avait pas pu venir la dernière fois et lui demander “on joue ?”.
Oui, tu as bien deviné, la petite fille est bien Hanako. Et tout recommençait en boucle… Hanako sortait des toilettes pour jouer, les avions arrivaient et Hanako retournait dans les toilettes. Il y avait une explosion et… Hanako sortait, etc.
Nous avons essayé d’ouvrir la porte des toilettes quand on y est, ça ne s’ouvrait pas. Nous avons aussi essayé de l’empêcher de retourner dans les toilettes, mais elle nous passait au travers !
Nous avons discuté avec elle et elle nous a expliqué que les bombes lui faisaient peur… On a essayé de al calmer, de lui changer des chansons, mais rien n’y a fait.
Au final, on lui a proposé de la ramener à sa maman. Nous l’avons accompagnée pour sortir de la brume et c’est là que nous avons retrouvé la limousine.
Hanako semblait même très heureuse en nous disant au revoir lorsque nous sommes partis.
Et ne t’inquiète pas, les deux filles stupides vont bien !

Nous sommes passés au temple ensuite. Pour ramener Zukibayashi-san et voir son grand-père. Certaines s’inquiétaient d’avoir vu Hanako et que Zukibayashi lui ait dit de revenir jouer quand elle voulait.
Comme Zukibayashi lui a tout raconté, il a tenté une conjuration sur nous et nous a donné un charme.
Il a aussi appelé le pont du rêve que je t’avais raconté (oui, quand je dis “tout”...) le “pont céleste flottant” et nous a dit que nous avions une aura différente.

Comme tu le vois, je m’occupe plutôt pas mal…
J’y pense, demain c’est le défilé de Mifune avec sa robe. Je te dirai ce qu’il en sera.

Porte-toi bien, Seifen. Et… viens me voir si tu peux. J’aimerais vraiment parler à nouveau avec toi !

Tahani.


Gojo, le 29 avril 1988

Bonjour Seifen, voici les résultats du défilé : Mifune, la plus jeune candidate (et surement aussi la plus nerveuse) a gagné le concours !
Apparemment il y a eu des débats dans le jury étant donné son âge (et que le prix est un bon pour une robe de mariée), mais elle était très heureuse d’avoir gagné le premier prix. Madame Ohno aussi. Heureusement qu’elle était là après tout, je n’ai aucun doute que nous n’aurions jamais pu présenter une si belle robe sans elle…

Aujourd’hui c’est le premier jour de la Golden Week. Il y a déjà un festival de prévu, je te raconterai.
Il faut aussi que j’envoie une carte à papa et maman…

A bientôt,

Tahani

Gojo, le 01 mai 1988

Bonjour Seifen !
Hier, la grand-mère de Mifune, Madame Saito, nous a invitées pour nous remercier de l’aide apportée à sa petite-fille pour la robe.
J’avais rendez-vous en début d’après-midi chez elle.
Nous sommes allées chercher Zukibayashi qui n’a plus de scooter : son grand-père est parti avec peu après notre dernière entrevue… Ce qui explique pourquoi je ne l’ai pas vu au temple hier matin.

Au sujet du rendez-vous, Madame Saito nous a offert des petits cadeaux. J’ai maintenant un joli nécessaire de calligraphie japonaise sur mon bureau… Elle a aussi pensé à Madame Ohno.
Pour l’anecdote, Sui-san a reçu un yukata et a expliqué ne pas savoir le mettre. Il va falloir que Mifune lui explique…

Autrement, la Golden Week continue de se remplir.
Madame Ohno vient de me dire que la mère de Shui, Jiang-Li, nous avait invitées à visiter le Mont Kongo et le musée Chichaya mardi. Elle a prévu que nous pique-niquions là-bas et aussi de nous y emmener tous. Bien entendu, Yamamoto sera aussi du voyage… Encore…
Je te raconterai aussi.
J’ai acheté une carte pour nos parents. Je leur écrirai demain…

Tahani


Gojo, le 03 mai 1988

Bonjour Seifen,

Comment raconter la journée… Ou plutôt, comment décrire Jiang-Li… Tu vois le mouvement “hippie” né aux Etats-Unis il y a une vingtaine d’années ? Voilà, tu as donc une personne agitée, bruyante, décomplexée aux couleurs très vives. Son véhicule aussi est à sa hauteur… un van orange avec le symbole “paix” du même mouvement.
Elle est très gentille, amusante aussi. Et elle aime beaucoup les tortues… Comme tu peux t’en douter, elle nous en a beaucoup parlé. Tu imagines la conversation sur cet animal en japonais ? Ca a beaucoup amusé Zukibayashi d’ailleurs…
Il me semble te l’avoir déjà dit, elle travaille pour l’entreprise Nakayama… Elle a un contrat de 2 ans et n’est pas contre un renouvellement si c’est pour un projet qui l’intéresse. Au besoin, j’irai voir les projets qu’ils ont actuellement… Dans l’immédiat, inutile de s’en occuper.
Comme je t’avais dit, Jiang-Li avait préparé le repas : des sandwichs à la rosette, au fromage… Le contraste avec le bento japonais habituel était sympathique. Ca m’a changé un peu !

Le reste de la visite était le château très typique du Japon servant de musée sur l’histoire du lieu, la faune et la flore… Il y avait aussi un point d’observation du soleil (oui, il y avait les filtres !).
Ca fait quand même du bien une journée en plein air…
Le désert me manque. La Vallée des Rois surtout aussi. J’aimerais y retourner… Mais en même temps, je pense que j’aurais toujours cette impression d’incomplet.
Tu me manques beaucoup trop, Seifen...

Tahani

PS : J’ai bien envoyé la carte hier pour nos parents ne t’inquiète pas.


Gojo, le 04 mai 1988

Bonjour Seifen…

Je ne pensais pas que j’aurais autant de choses à te raconter concernant notre sortie aux bains.
Tout d’abord, des nouvelles du personnel de maison : Yamamoto a eu un accident et est à l’hôpital. Tu connais Madame Ohno, c’est un mur. Tout ce que j’ai pu savoir c’est “il va bien” et “ne vous inquiétez pas”.
Et bizarrement, je ne suis pas que inquiète, je suis aussi irritée. Surtout que je soupçonne que ce soit lié à ce qui nous est arrivé… Et j’y viens justement.

Lorsque nous sommes reparties, en bus étant donné que Yamamoto est à l’hôpital, il s’est passé quelque chose d’étrange. Nous nous sommes assise et d’un coup, il y a eu de gros nuages noir et beaucoup de vent qui hurlait presque en un cri. Et non, ce n’était pas un typhon soudain… Il y a eu un gros bruit et le toit du bus s’est légèrement affaissé. Quelque chose s’est enfui et tout est redevenu au beau.
D’ailleurs, je soupçonne que l’origine du bruit sur le toit était un Lion-Fo, Kyu-yu. Tu comprendras plus tard, laisse-moi finir de te raconter.
Zukibayashi et Matsuo sont restées très silencieuses au retour et lorsque nous sommes arrivées au temple, Matsuo a expliqué que le chauffeur avait des yeux rouges, le visage noir et un grand sourire… Zukibayashi a complété en disant que c’était le signe d’une possession et que c’était parti au moment du bruit.
Mais au temple, j’ai aussi remarqué autre chose : le Lion-Fo à droite avait des larmes de sang… Les autres filles sont parties en courant devant (elles ont suivi Zukibayashi-san) et j’ai regardé si je voyais quelque chose mais rien. Et lorsque j’ai suivi et suis rentrée, j’ai senti comme un coup dans la poitrine.
Je pense que c’est là que le cauchemar a commencé… Ou lorsque nous sommes descendu du bus, sans que nous rendions compte.
Il manquait la sensation de bien-être que j’ai toujours étrangement senti dans ce temple.
Lorsque je suis arrivée, Zukibayashi fouillait partout et son grand-père a fini par rentrer. Il s’est garé devant la torii et à ce moment, juste derrière lui, une créature noire aux yeux rouges a surgi et lui a passé la main au travers du corps.
Le grand-père de Zukibayashi est parti en poussière…
La créature s’est mise à rire en nous souhaitant la bienvenue dans “un monde où il n’aura jamais pris place”.
Et là, le temple était à l’abandon, les Lion-Fo abîmés et le scooter en mauvais état. Le ciel était d’un noir de jais.
Zukibayashi et moi avons tenté de l’arrêter, mais quoique nous fassions, rien n’y faisait. Je lui ai lancé mon talisman au cas où, nous avons tenté de lui donner des coups, mais il restait là à rire avant de partir.
Nous avons aussi fouillé le temple, mais il n’y avait plus de trace du tout du grand-père, pas même sur les photos…

Nous avons pensé que nous étions peut-être dans un autre monde, un peu comme lorsque nous étions avec Hanako, mais différent.
Du coup, nous avons essayé des prières. D’abord les prières pour apaiser les morts et leur permettre de trouver la paix… Puis, j’avoue je suis passée à ce que je connais du Livre des Morts, avec ce que nous connaissons de l’égyptien antique. Puisque ce n’était pas la prière des vivants aux morts, j’ai tenté les paroles des morts adressées aux vivants qui sont inscrites sur les tombeaux, mais ça n’a pas eu plus d’effet.
J’ai tenté celle qui repousse Apophis et le Mal, celle qui permet à Râ d’illuminer le monde et à sa barque de continuer son voyage…
Et j’ai entendu une voix à la fois rassurante et paniquée me dire qu’elle arrivait.
Nous avons alors continué : Zukibayashi avec les protections japonaises, et moi avec les hiéroglyphes de protection.
La voix nous a alors dit de nous réveiller… Zukibayashi et moi avons réveillé les autres (une petite claque fonctionne très bien) avant de nous réveiller mutuellement.

Là, on était dans le temple. Le ciel était normal. Nous avons entendu un bruit de galop et dans la cour nous avons vu un Bakou, une créature liée aux rêves qui possède une trompe d’éléphant, des yeux de rhinocéros, des pattes de tigre et ue nqueue de boeuf (quand je pense aux commentaires des touristes face aux fresques des dieux et du Bâ... ).
Et là, un Lion-Fo en colère est arrivé pour défendre “son territoire” et s’est jeté sur le Bakou qui est parti en poussière.
Une fois ce problème réglé, le Lion-Fo s’est présenté comme étant Kyu-yu (la femelle des trois Lion-Fo), et nous a dit que nous étions les gardiennes de ce monde, et qu’elle avait besoin de nous pour retrouver Hogo (le Lion-Fo mâle) qui a disparu.
Effectivement, je te confirme que le temple a perdu quelque chose… on s’y sent toujours bien mais… un peu moins !
Pour cela, et avant de nous lancer à la recherche de Hogo, nous devons être accueillies en tant que Gardiennes à la Haute Plaine du Paradis en passant par le pont (celui du rêve que je t’ai raconté et que le grand-père a appelé “pont céleste flottant”).
Kyu-yu a passé après ça beaucoup de temps à consoler Mifune, Shui et Matsuo.
Ensuite, elle nous a posé sa patte derrière l’oreille “pour parler” et a disparu dans le tatouage de Zukibayashi.

Je reviens à ce que je te disais au début, concernant Yamamoto : il a eu un malaise et les médecins ne comprennent pas ce qui lui est arrivé.
Tu comprends mes soupçons ?

En y réfléchissant, si les explications de Kyu-yu sont exactes, et vu ce qui s’est passé, je ne les remets pas en doute, ça explique ce qui nous est arrivé depuis la rentrée : le fait que nous ayons pu voir et aider Roromya, le rêve étrange, le fait que nous aillons aussi pu parler et rassurer Hanako (alors que les deux idiotes qui l’avaient invoquées étaient en train de mourir).
Tu étais au courant de tout ça, Seifen ?

Sinon, les bains étaient sympathiques. C’était agréable.
Elles ne semblent pas avoir remarqué… Tant mieux.

Je t’aime, Seifen.

Tahani

Gojo, le 01 mai 1988

Bonjour Seifen !
Hier, la grand-mère de Mifune, Madame Saito, nous a invitées pour nous remercier de l’aide apportée à sa petite-fille pour la robe.
J’avais rendez-vous en début d’après-midi chez elle.
Nous sommes allées chercher Zukibayashi qui n’a plus de scooter : son grand-père est parti avec peu après notre dernière entrevue… Ce qui explique pourquoi je ne l’ai pas vu au temple hier matin.

Au sujet du rendez-vous, Madame Saito nous a offert des petits cadeaux. J’ai maintenant un joli nécessaire de calligraphie japonaise sur mon bureau… Elle a aussi pensé à Madame Ohno.
Pour l’anecdote, Sui-san a reçu un yukata et a expliqué ne pas savoir le mettre. Il va falloir que Mifune lui explique…

Autrement, la Golden Week continue de se remplir.
Madame Ohno vient de me dire que la mère de Shui, Jiang-Li, nous avait invitées à visiter le Mont Kongo et le musée Chichaya mardi. Elle a prévu que nous pique-niquions là-bas et aussi de nous y emmener tous. Bien entendu, Yamamoto sera aussi du voyage… Encore…
Je te raconterai aussi.
J’ai acheté une carte pour nos parents. Je leur écrirai demain…

Tahani


Gojo, le 03 mai 1988

Bonjour Seifen,

Comment raconter la journée… Ou plutôt, comment décrire Jiang-Li… Tu vois le mouvement “hippie” né aux Etats-Unis il y a une vingtaine d’années ? Voilà, tu as donc une personne agitée, bruyante, décomplexée aux couleurs très vives. Son véhicule aussi est à sa hauteur… un van orange avec le symbole “paix” du même mouvement.
Elle est très gentille, amusante aussi. Et elle aime beaucoup les tortues… Comme tu peux t’en douter, elle nous en a beaucoup parlé. Tu imagines la conversation sur cet animal en japonais ? Ca a beaucoup amusé Zukibayashi d’ailleurs…
Il me semble te l’avoir déjà dit, elle travaille pour l’entreprise Nakayama… Elle a un contrat de 2 ans et n’est pas contre un renouvellement si c’est pour un projet qui l’intéresse. Au besoin, j’irai voir les projets qu’ils ont actuellement… Dans l’immédiat, inutile de s’en occuper.
Comme je t’avais dit, Jiang-Li avait préparé le repas : des sandwichs à la rosette, au fromage… Le contraste avec le bento japonais habituel était sympathique. Ca m’a changé un peu !

Le reste de la visite était le château très typique du Japon servant de musée sur l’histoire du lieu, la faune et la flore… Il y avait aussi un point d’observation du soleil (oui, il y avait les filtres !).
Ca fait quand même du bien une journée en plein air…
Le désert me manque. La Vallée des Rois surtout aussi. J’aimerais y retourner… Mais en même temps, je pense que j’aurais toujours cette impression d’incomplet.
Tu me manques beaucoup trop, Seifen...

Tahani

PS : J’ai bien envoyé la carte hier pour nos parents ne t’inquiète pas.


Gojo, le 04 mai 1988

Bonjour Seifen…

Je ne pensais pas que j’aurais autant de choses à te raconter concernant notre sortie aux bains.
Tout d’abord, des nouvelles du personnel de maison : Yamamoto a eu un accident et est à l’hôpital. Tu connais Madame Ohno, c’est un mur. Tout ce que j’ai pu savoir c’est “il va bien” et “ne vous inquiétez pas”.
Et bizarrement, je ne suis pas que inquiète, je suis aussi irritée. Surtout que je soupçonne que ce soit lié à ce qui nous est arrivé… Et j’y viens justement.

Lorsque nous sommes reparties, en bus étant donné que Yamamoto est à l’hôpital, il s’est passé quelque chose d’étrange. Nous nous sommes assise et d’un coup, il y a eu de gros nuages noir et beaucoup de vent qui hurlait presque en un cri. Et non, ce n’était pas un typhon soudain… Il y a eu un gros bruit et le toit du bus s’est légèrement affaissé. Quelque chose s’est enfui et tout est redevenu au beau.
D’ailleurs, je soupçonne que l’origine du bruit sur le toit était un Lion-Fo, Kyu-yu. Tu comprendras plus tard, laisse-moi finir de te raconter.
Zukibayashi et Matsuo sont restées très silencieuses au retour et lorsque nous sommes arrivées au temple, Matsuo a expliqué que le chauffeur avait des yeux rouges, le visage noir et un grand sourire… Zukibayashi a complété en disant que c’était le signe d’une possession et que c’était parti au moment du bruit.
Mais au temple, j’ai aussi remarqué autre chose : le Lion-Fo à droite avait des larmes de sang… Les autres filles sont parties en courant devant (elles ont suivi Zukibayashi-san) et j’ai regardé si je voyais quelque chose mais rien. Et lorsque j’ai suivi et suis rentrée, j’ai senti comme un coup dans la poitrine.
Je pense que c’est là que le cauchemar a commencé… Ou lorsque nous sommes descendu du bus, sans que nous rendions compte.
Il manquait la sensation de bien-être que j’ai toujours étrangement senti dans ce temple.
Lorsque je suis arrivée, Zukibayashi fouillait partout et son grand-père a fini par rentrer. Il s’est garé devant la torii et à ce moment, juste derrière lui, une créature noire aux yeux rouges a surgi et lui a passé la main au travers du corps.
Le grand-père de Zukibayashi est parti en poussière…
La créature s’est mise à rire en nous souhaitant la bienvenue dans “un monde où il n’aura jamais pris place”.
Et là, le temple était à l’abandon, les Lion-Fo abîmés et le scooter en mauvais état. Le ciel était d’un noir de jais.
Zukibayashi et moi avons tenté de l’arrêter, mais quoique nous fassions, rien n’y faisait. Je lui ai lancé mon talisman au cas où, nous avons tenté de lui donner des coups, mais il restait là à rire avant de partir.
Nous avons aussi fouillé le temple, mais il n’y avait plus de trace du tout du grand-père, pas même sur les photos…

Nous avons pensé que nous étions peut-être dans un autre monde, un peu comme lorsque nous étions avec Hanako, mais différent.
Du coup, nous avons essayé des prières. D’abord les prières pour apaiser les morts et leur permettre de trouver la paix… Puis, j’avoue je suis passée à ce que je connais du Livre des Morts, avec ce que nous connaissons de l’égyptien antique. Puisque ce n’était pas la prière des vivants aux morts, j’ai tenté les paroles des morts adressées aux vivants qui sont inscrites sur les tombeaux, mais ça n’a pas eu plus d’effet.
J’ai tenté celle qui repousse Apophis et le Mal, celle qui permet à Râ d’illuminer le monde et à sa barque de continuer son voyage…
Et j’ai entendu une voix à la fois rassurante et paniquée me dire qu’elle arrivait.
Nous avons alors continué : Zukibayashi avec les protections japonaises, et moi avec les hiéroglyphes de protection.
La voix nous a alors dit de nous réveiller… Zukibayashi et moi avons réveillé les autres (une petite claque fonctionne très bien) avant de nous réveiller mutuellement.

Là, on était dans le temple. Le ciel était normal. Nous avons entendu un bruit de galop et dans la cour nous avons vu un Bakou, une créature liée aux rêves qui possède une trompe d’éléphant, des yeux de rhinocéros, des pattes de tigre et ue nqueue de boeuf (quand je pense aux commentaires des touristes face aux fresques des dieux et du Bâ... ).
Et là, un Lion-Fo en colère est arrivé pour défendre “son territoire” et s’est jeté sur le Bakou qui est parti en poussière.
Une fois ce problème réglé, le Lion-Fo s’est présenté comme étant Kyu-yu (la femelle des trois Lion-Fo), et nous a dit que nous étions les gardiennes de ce monde, et qu’elle avait besoin de nous pour retrouver Hogo (le Lion-Fo mâle) qui a disparu.
Effectivement, je te confirme que le temple a perdu quelque chose… on s’y sent toujours bien mais… un peu moins !
Pour cela, et avant de nous lancer à la recherche de Hogo, nous devons être accueillies en tant que Gardiennes à la Haute Plaine du Paradis en passant par le pont (celui du rêve que je t’ai raconté et que le grand-père a appelé “pont céleste flottant”).
Kyu-yu a passé après ça beaucoup de temps à consoler Mifune, Shui et Matsuo.
Ensuite, elle nous a posé sa patte derrière l’oreille “pour parler” et a disparu dans le tatouage de Zukibayashi.

Je reviens à ce que je te disais au début, concernant Yamamoto : il a eu un malaise et les médecins ne comprennent pas ce qui lui est arrivé.
Tu comprends mes soupçons ?

En y réfléchissant, si les explications de Kyu-yu sont exactes, et vu ce qui s’est passé, je ne les remets pas en doute, ça explique ce qui nous est arrivé depuis la rentrée : le fait que nous ayons pu voir et aider Roromya, le rêve étrange, le fait que nous aillons aussi pu parler et rassurer Hanako (alors que les deux idiotes qui l’avaient invoquées étaient en train de mourir).
Tu étais au courant de tout ça, Seifen ?

Sinon, les bains étaient sympathiques. C’était agréable.
Elles ne semblent pas avoir remarqué… Tant mieux.

Je t’aime, Seifen.

Tahani


Gojo, le 05 mai 1988

Bonjour Seifen,
Yamamoto est sorti de l’hôpital ce matin. Il m’a dit qu’il allait bien et s’était soudainement endormi pour se réveiller à l’hôpital.
La piste envisagée la veille se précise… malheureusement, je ne peux plus aller plus loin pour m’en assurer. J’espère que ça ne se reproduira pas.
En tous cas, il allait suffisamment bien pour m’amener au festival, alors que je comptais appeler un taxi.
Le festival était typiquement japonais : des stands de nourriture, de la pêche au poisson qui a beaucoup occupé Shui et sa mère, des masques… Et des personnes en habits traditionnels (même Shui avait mis le sien, à l’aide de Mifune, et Zukibayashi avait sorti ses vêtements de Miko)
Madame Ohno m’avait aussi sorti un yukata pour y aller… Heureusement, ce n’était pas le kimono ! Je n’ai pas vraiment l’habitude d’en mettre.

Nous avons croisé Matsuo qui avait préféré y aller avec son ami. J’ai acheté un appareil photo et l’ai confié à Zukibayashi… Elle les a suivi pendant le feu d’artifice et nous a assuré qu’elle avait pris une très belle photo. J’ai donné l’appareil à Madame Ohno pour le développement.

Ca t’aurait plus, ce festival… J’espère qu’un jour, peu importe où ou le monde, nous pourrons retourner dans l’un d’eux ensemble.

Tahani.


Gojo, le 06 mai 1988

Bonjour Seifen !
Retour en cours aujourd’hui et surtout… demain nous en saurons plus sur ce qu’est une Gardienne et ses devoirs. Nous avons rendez-vous avec Kyu-yu demain au temple.

Ah, et le grand-père de Zukibayashi est bien rentré hier soir.

Tahani


Gojo, le 07 mai 1988

Bonjour Seifen,
Il s’est passé pas mal de chose aujourd’hui, en l’espace de moins d’une minute au temple !
Comme je t’ai dit hier, nous avions rendez-vous là-bas. Zukibayashi a d’ailleurs eu l’idée de créer un jardin zen. Il n’est pas terminé… Ca fait plutôt dunes de sable pour le moment !

Enfin, pour en revenir à Kyu-yu et à la cérémonie d’intronisation. Kyu-yu a écrit “Esprit” dans le sable du futur jardin zen et un portail est apparu, donnant sur le pont cristallin du rêve… Au bout d’un moment, nous sommes arrivées à la grande plaine dont j’avais rêvé. On a continué dans la forêt, et étrangement il n’y avait pas d’animaux qui fuyaient, mais plutôt des animaux qui venaient voir par curiosité. Ca change !
J’ai demandé à Kyu-yu si les morts venaient dans le royaume des esprits… Après tout, c’est là que nous avions vu Roromya pour la dernière fois… Mais non. Les morts ne viennent pas. Elle a expliqué qu’il y trois mondes : le monde terrestre, le monde des esprits et le monde des morts. Les morts ne font que passer par le monde des esprits…
Et notre mission est de protéger le monde terrestre et le monde des esprits.

Nous avons fini par arriver à une petite clairière avec un petit village nommé Poochi, peuplé de créatures nommées “Guinou”... Elles ressemblent à des pingouins pelucheux. Forcément, Shui a voulu les gratouiller… D’abord Matsuo l’en a empêchée, mais dans le village nous avons aussi perdu Matsuo et Mifune… Je me suis retrouvée entourée de petits guinous qui ont voulu me faire des cadeaux. Je les ai rangés dans la chambre que j’utilise pour ranger des affaires. Et oui, j’ai offert quelque chose en retour… Je me suis d’ailleurs retrouvée entourée d’une nuée de petits guinous ensuite !
Tant bien que mal, nous sommes arrivés à un grand arbre soutenant une maison dans ses branches, demeure du chef du village (ils ont un système d’élections)... non, pas un guinou. Un coq qui porte une couronne, Monsieur Dori. Il nous a amené à ce qu’il a appelé “château”. Qui se trouve en réalité être un portail pour le château : un autel. Il a tracé un symbole que je ne connais pas et un miroir au travers duquel il fallait passer est apparu.
C’est là, que nous sommes véritablement arrivées au château… Un immense château avec une immense statue d’un homme en tenue japonaise tenant une lance à la main, et 5 symboles au-dessus de lui. Et autour de nous, des montagnes avec des arbre rosés…
Nous sommes rentrés, et là les épreuves ont commencé…

Tout d’abord, une énigme. Pour la première, il fallait aligner en vertical et en horizontal trois étoiles.
Une fois l’énigme résolue, nous sommes passées par une nouvelle porte avec un oiseau rouge gravé dessus.
Cette nouvelle salle était immense, avec des dalles… et beaucoup de trous au milieu. Des trous profonds avec quelque chose de pointu au bout. Et, forcément, le braséro s’est éteint pour nous plonger dans le noir.
Nous réfléchissions à comment passer étant donné ce que nous avions vu, et la voix de Kyu-yu nous a dit de nous concentrer… A ce moment, en me concentrant, j’ai fait du feu. Oui, du feu, avec rien. Juste ma volonté… Forcément, avec du feu, c’était plus pratique pour rallumer le braséro et avancer…

Et on a recommencé les énigmes (oui, on alternait énigme et pièce à pouvoir). La deuxième énigme était de colorier des cases pour faire apparaître un coeur.
La deuxième salle à pouvoir avait un dragon vert gravé sur sa porte. Dans la pièce il y avait un léger courant d’air et une esplanade avec une porte à une dizaine de mètres. Quelque chose était posé avec des cordes et Zukibayashi a fait apparaître un arc et une flèche pour trancher les cordes et le faire tomber.

Troisième énigme, il fallait relier des points avec cinq traits pour obtenir quatre figures de même forme et même proportions.
La nouvelle porte était gravée d’un kirin jaune. Là, le chemin faisait le tour de la pièce, en cercle. La porte de l’autre côté était fermée et au centre il y avait une balance en bronze flottant, avec un torii sur le plateau vers lequel l’équilibre penchait. Cette fois, c’est Mifune qui a fait apparaître quelque chose : un tas de terre, sur le plateau vide… Et la porte s’est ouverte.

Quatrième énigme, des pierres à poser. Il fallait remplir le plus possible d’emplacement sans rectangle ou carré.
Quatrième porte, une tortue noire. Devine qui a réussi à développer une capacité ? Nous sommes rentrées dans un lagon avec un sol vitré sous nos pieds.Il y avait des animaux dans l’eau, sous nous et plus loin, une entrée de caverne avec une porte rouillée et une serrure. Dans l’eau, il y avait une clé… Shui a alors tenté de nager sur le verre… avant de demander à un crabe de lui ramener la clé (c’est tout de même nettement plus efficace !)

La porte rouillée nous a amené à la dernière énigme : un circuit dans lequel il fallait apporter la lumière de la façon la plus économique possible.
La porte de la dernière salle à pouvoir avec un tigre blanc de gravé. Où nous sommes arrivées, il y avait un arbre immense au centre d’une pièce dallée en marbre blanc dont on ne voyait pas le plafond. L’arbre avait le tronc noir et ses racines parcouraient le dallage sans le casser.
Matsuo a alors soigné l’arbre qui a repris de la vie.
La porte s’est alors ouverte sur un tout nouveau paysage…

Il y avait les créatures représentées sur les portes dans les nuages. Ils ne faisaient que passer en nous regardant avec bienveillance…
Au loin, nous avons vu un coffre que Mifune a voulu ouvrir…
Ce n’était pas un coffre mais un “monstre-coffre”.
Nous l’avons combattu. C’est étrange, ces capacités nouvelles qui se sont réveillées en moi me semblent… “naturelles”. Comme si au fond, je savais quoi faire pour les utiliser ! J’en ressens plusieurs :
- la Bénédiction de Nephtys qui me permet de ne plus être blessée par le feu
- le Jugement de Maât, une plume de feu qui vient brûler mon ennemi
- les Ailes de Nekhbet qui nous protègent contre les Ténèbres
- les Rayons de Rê incendiant tous ceux qui se trouvent sur leur chemin
- le Souffle d’Isis me permettant de soigner les blessures
Mais… il y a une restriction. Là, pendant que je t’écris, je ne peux rien utiliser. Pour pouvoir y accéder, je dois être “transformée”. Si nous nous revoyons un jour, je te montrerai, grand frère…

Après cette épreuve, un petit coffre est apparu. Je l’ai ouvert et nous nous sommes retrouvées sur la place du village de Poochi.
Les guinous applaudissaient et Monsieur Dori nous demandait de nous montrer.
Je n’ai pas compris tout de suite de quoi il parlait…
Chacune d’entre nous a maintenant un anneau avec une gemme à un de ses doigts. La mienne est rouge, et tu imagines où elle est. Kyu-yu nous a dit de nous concentrer dessus et… je me suis transformée. Nous nous sommes toutes transformées.
Sous cette forme, il n’y a plus rien… Et je suis un peu différente. Tu rirais bien si tu me voyais comme ça ! Mifune, Matsuo et Shui ont paru un peu gênées, parce que la tenue est très… ouverte. Disons qu’elle ressemble à un maillot une pièce ouvert et une traînée sur l’arrière du vêtement et les côtés. J’ai des plumes rouges aux oreilles aussi, des grandes cuissardes, des manchons et des bijoux. Le tout dans les tons de rouge et dorés. Et des cheveux plus longs que Thema ne pourrait rêver…

Kyu-yu nous a alors amenées chez Monsieur Dori et nous a expliqué que nous avions une gemme dans la bague. Une gemme qui est notre âme… Sur ma gemme rouge, il y a un phénix. La bague est le moyen d’exprimer notre être et grâce à la gemme nous pouvons matérialiser un entre-monde entre le monde terrestre et celui des esprits.
Je dois t’avouer, grand frère… je ne suis pas très à l’aise de penser que mon âme se trouve dans la bague que je porte au doigt. Est-ce que, si je perds ma bague, je deviens une coquille vide ? Lorsque je mourrai, mon âme restera dans ce monde sous la forme de cette bague ou disparaîtra-t-elle avec moi ?
J’ai beaucoup de questions…
Mais, tu sais, même si nous avons vécu tout ça dans les 30 secondes que nous avons passées là-bas. Même si maintenant je suis “différente” (même si d’après Kyu-yu nous sommes nées comme ça, nous avons juste maintenant exprimé ce que nous sommes)... Rien ne change pour nous. Je me sens toujours… incomplète. J’aurais aimé que tu sois là, avec moi. Un tout ne devrait jamais être brisé en deux moitiés…
J’ai vraiment besoin de toi, Seifen.

Tahani

Gojo, le 08 mai 1988

Bonjour Seifen,
J’ai fait pas mal de tests et d’entraînement concernant mes… “nouvelles capacités”. J’ai surtout aussi pu tester certaines choses, lors de notre entraînement de groupe au temple aujourd’hui (Shui s’ennuyait, elle voulait donc s’entraîner... ).
Je peux donc te dire que :
le temps se déroule dans la dimension de poche comme dans le monde réel. Ce n’est pas comme dans le monde des esprits !
lorsque la gemme représentant notre âme (je vais l’appeler “gemme d’âme”, ce sera plus simple) est posée, la bulle apparaît. On ne peut alors pas la déplacer. Si la gemme est déplacée, la zone s’arrête.
dans la dimension de poche, il n’est pas possible d’avoir une interaction avec les objets (je ne peux pas ouvrir une fenêtre par exemple), mais il reste physiques (je ne peux pas passer au travers)
toujours dans la dimension de poche, les objets peuvent nous toucher, mais la matière vivante nous passe au travers
les attaques lancées depuis la zone de poche peuvent sortir de la zone et ont un impact à l’extérieur une fois hors de la zone
Tu te souviens de mon inquiétude concernant la bague et son lien avec nous ? Shui a fait le test (j’avoue, je lui ai dit de le faire… après tout, mieux vaut savoir avant !). Tout va bien. Si un jour on me vole la bague, je ne pourrai plus me transformer ou faire du feu, mais je ne serai pas une coquille plus vide qu’aujourd’hui. Elle s’en est éloignée sans dommage.

Bon, maintenant je vais réviser quelques cours… Je souhaiterais éviter d’avoir à avancer comme justification à une mauvaise note “je me suis entraînée à lancer des flammes, je n’ai pas pu réviser”...

Je t’aime,
Tahani


Gojo, le 09 mai 1988

Bonjour Seifen...
Décidément, certaines personnes ne s’arrangent pas et s’enfoncent jour après jour dans un abîme de bête méchanceté.
En sortant du cours de piscine, les culottes de Shui, Mifune et moi avaient disparues…
J’ai réglé le problème, déjà en discutant avec elles, Zukibayashi et Matsuo le temps que certaines personnes appartenant à un certain groupe de “kogaru” finisse par s’en aller après avoir pris leur temps bien plus que d’habitude. Ensuite, après avoir mis Zukibayashi et Matsuo en guet le temps que je me transforme pour faire sécher les maillots de bain.

Mifune a tenu à prévenir notre professeur principale…

Et nous avons surtout pour projet de permettre à Shui de lire les pensées de ces chères kogarus. Histoire d’être certaines que ce sont bien elles…
Nous avons aussi parlé de laisser Kyuyu dans le casier, au cas où elles auraient pour idée de recommencer !

Je savais déjà que la cruauté et la bêtise humaine n’avaient pas de fond, ça me désole de le constater encore (même si ce n’est qu’à une si petite échelle).

Tu me manques,
Tahani


Gojo, le 14 mai 1988

Bonjour Seifen !

Depuis lundi, il ne s’est rien passé de bien exceptionnel…
Mardi, nous avons eu une interrogation surprise de mathématiques.
Mercredi, le professeur Kameï nous a prévenus que nous allions avoir un exposé à préparer par groupe de trois, avec un thème libre au choix. Nous avons donc fait les groupes. Shui et moi nous sommes séparées : nous avons toutes deux un bon niveau d’anglais. Ensuite, j’ai proposé à Zukibayashi et Matsuo de faire équipe. Shui fera équipe avec Mifune et notre grande absente, Sakuma. Nous avons aussi choisi notre sujet jeudi : le développement économique du Japon après la Seconde Guerre Mondiale. Chacune d’entre-nous a les moyens de rassembler des informations… Je m’occupe de la partie développement économique concernant l’international. J’ai demandé des informations à tante Eirin. Matsuo de son côté se renseigne sur la partie nationale du développement. Et Zukibayashi a les contacts qu’il faut pour faire la troisième partie, celle concernant l’économie souterraine…
Et, en anglais toujours, nous avons eu un contrôle de vocabulaire en cours d’anglais.

Aujourd’hui était la journée des sports… J’en ai profité pour aller faire une randonnée. Et je te confirme, il fait froid au Japon. Les balades dans le désert me manquent.

En parlant de l’Egypte, Madame Ohno m’a avertie qu’elle avait invité Zukibayashi, Matsuo, Shui et Mifune pour l’Aïd…
Je ne comptais pas le fêter. Pas sans toi. Mais il semble que je n’ai plus vraiment le choix, maintenant…

Je t’aime, grand frère. A bientôt,
Tahani


Gojo, le 18 mai 1988

Bonjour Seifen…
“Joyeux Aïd”...

Depuis samedi, il ne s’est pas passé grand chose. J’ai eu la note maximale en math et avec Zukibayashi et Matsuo nous avons commencé à travailler sur l’exposé d’anglais.

Ah, le téléphone pour moi. Je reviens.

C’était papa. Il fallait s’en douter…
Il va bien, maman aussi.
Vraiment, parfois je ne sais plus quoi lui dire. De toutes façons, il a un rapport sur mes faits et gestes “pour ma protection”, alors…
Enfin bon, je ne reviendrai pas sur le sujet. Ils ont peur et pensent bien faire. Moi… je ne veux pas céder à la peur. Ou j’en suis peut-être incapable. Dans les deux cas, je me sens juste prisonnière d’une cage dorée. Plus qu’avant…
Sinon, toujours pas de nouvelles de l’enquête. J’ai demandé, mais ils ne seront jamais retrouvés je pense. Et justice ne sera jamais faite. Il faut m’habituer à vivre avec ce poids, n’est-ce pas ?

Concernant la célébration de l’Aïd, c’est prévu pour samedi, à la maison. Je te raconterai.

A samedi, si rien n’arrive avant,
Tahani


Gojo, le 21 mai 1988

Bonsoir Seifen,

Comme tu peux le voir, il ne s’est rien passé de particulier durant le reste de la semaine. J’ai eu le résultat du contrôle d’anglais, avec une note de 17/20…
Tout à l’heure, Zukibayashi, Mifune, Matsuo et Shui sont venues pour l’Aïd. Madame Ohno avait bien fait les choses avec le repas… C’était typique de ce qu’on avait pour habitude de manger ce jour à la maison : Hlalem, beignets de pois-chiches aux épices, pain au fromage, feuilles de vigne et ragoût d’agneau… et bien sûr les gâteaux en dessert.
Tante Eirin et oncle Ryohei sont venus pour le repas (ils sont repartis après). Ils nous ont offert des vêtements à toutes les cinq, et Tante Eirin m’a glissé la traditionnelle enveloppe. Ne t’inquiète pas, j’ai séparé en deux… J’attends de trouver ce que je suis sûre que tu voudrais t’acheter avec !
Tante Eirin m’a aussi appris qu’oncle Hiroji et Mademoiselle Abe allaient enfin se marier. Depuis toutes ces années où ils se sont fiancés… On dirait que nos grand-parents s’attendrissent avec l’âge.

Rien de plus pour cette fête… La journée s’est passée. Et tu étais celui qui me manquait pour lui donner ses vraies couleurs…
J’aimerais vraiment, tellement, pouvoir remonter le temps, Seifen…

Je t’aime, grand frère.

Tahani.


Gojo, le 23 mai 1988

Bonsoir Seifen,

Il semble que le repos entre les événements “étranges” soient de courte durée !
Il fait froid. Bon, je sais, le Japon n’est pas le pays le plus chaud au monde, mais là… il fait vraiment froid. Et je pense que j’aurais sûrement attrapé une belle fièvre si Madame Ohno ne m’avait pas dit de prendre ma veste et une écharpe ce matin !
Le cours de natation a même été annulé et remplacé par de la gymnastique.
Il y a aussi eu de la glace dans le fleuve… avec une vague de froid uniquement sur la ville ! Tu te souviens, j’ai parlé d’étrangeté ? Et bien… d’après les journaux, les scientifiques ne comprennent pas ce temps.
Nous allons devoir nous pencher un peu plus sur l’affaire…

Dans les recherches, Zukibayashi cherche un bonsaï. Elle semble vouloir compléter son jardin zen au temple il semblerait…

Ah, j’y pense. La prochaine fois que je reçois du monde dans ma chambre pour parler tranquillement… Fais-moi penser à ranger le cadre et fermer le tiroir à clé.

A bientôt pour plus d’informations (j’espère),

Tahani


Gojo, le 25 mai 1988

Bonsoir Seifen,

Les nouvelles ne sont pas les meilleures aujourd’hui. La soeur de Matsuo ne va pas très bien : elle ne dort pas bien depuis deux jours et c’est comme si quelqu’un lui voler son énergie.
Peut-être est-ce lié au froid ?
En tous cas, mes ailes sont inefficaces sur sa “maladie”.
J’ai demandé à Madame Ohno pour dormir chez Matsuo, mais la réponse négative a été autant catégorique que peu surprenante...

Nous n’avons pas plus de piste pour le moment concernant la vague de froid : il n’y a pas d’endroit plus froid sur la ville et les températures s’étendent un peu à la périphérie.
J’ai pris rendez-vous à l’observatoire avec un spécialiste du climat pour samedi à 15h. Si nous n’avons rien d’ici là, nous pourrons peut-être trouver quelques informations (un peu plus fiables que celles données par les oiseaux…)

Je te tiendrai au courant de la situation.
A bientôt,

Tahani.


Gojo, le 27 mai 1988

Bonsoir Seifen,

Nous avons enfin une piste concernant le froid !

Tout d’abord, ce matin, nous avons entendu parler que d’autres personnes ont les mêmes symptômes que la soeur de Matsuo : la fatigue et le somnambulisme et une personne a suivi sa soeur jusqu’au parc (nous n’avions pas pu savoir où allait la soeur de Matsuo, elle s’était réveillée dans la rue).

A midi il s’est aussi passer quelque chose d’étrange : il s’est mis à neiger, j’ai donc voulu vérifier si les flocons absorbent bien l’énergie des gens comme nous le soupçonnions.
Alors, non, ou je ne suis pas sensible à l’absorbtion d’énergie.
Mais Shui s’est d’un coup dirigée vers les escaliers, l’air encore plus étrange qu’à son habitude. Nous avons dû la “réveiller” (avec une gifle). Le même phénomène est aussi arriver à d’autres élèves dans la cour, plus bas (comme tu peux t’en douter, nous étions sur le toit…)

Etant donné que la situation semble vraiment empirer, nous avons décidé d’aller voir au parc. Là, Shui s’est d’un coup mise à courir vers le canal ! Non, elle ne s’est pas jetée dedans, je te rassure. Mais elle s’est sentie attirée. Elle a donc interrogé les oiseaux après s’être discrètement changée et nous avons appris que la nuit beaucoup de personnes venaient voir la “dame sur la rivière”.

Je vais maintenant te laisser, j’ai un parc à visiter. Je dois retrouver Zukibayashi, Matsuo, Mifune et Shui là-bas.

A tout à l’heure, Seifen. Ne t’inquiète pas, je serai de retour rapidement.

Gojo, le 27 mai 1988 - suite

Re-bonsoir Seifen,

Tu vois, je suis rentrée.
Je te rassure rapidement avant d’aller me coucher, la nuit a été éprouvante et très longue !
Il y avait bien “quelqu’un” au parc… ainsi que Sakuma (je t’en avais parlé il y a un temps, celle qui admire le fondateur d’Apple et est absence depuis un moment).

Pour reprendre les choses dans l’ordre, il y avait un yokai sur place, Yuki-Ona. Nous l’avons vaincue, ce qui devrait avoir normalement libéré de son influence les personnes touchées et la ville.

Deuxième nouvelle, Sakuma est aussi une gardienne, celle de “l’équilibre”, à la grande surprise des esprits qui pensaient qu’il n’y en avait que 5, une par élément. Et elle avait sur elle des restes de la présence de Ogo que nous recherchons.
Bien entendu, nous sommes retournés dans le village des Guinous, dans le monde des esprits pour discuter de la situation, à partir du temple…
Pour te raconter les choses brièvements, l’aide soignant de Sakuma était en réalité Ogo. Il y allait avec son fils. La dernière fois qu’elle les a vus, c’était le 4 mai, le jour où ils ont disparu. Ogo est sorti à la recherche de son fils et Sakuma a vu une forme disparaître. Elle l’a aussi entendu dire “quatre incapables”, que nous soupçonnons être les quatre gardiens du Japon (les quatre vents).

Ce que je retiendrai aussi de notre longue discussion, c’est que la yokai n’aurait pas du pouvoir passer dans notre monde… Il va effectivement falloir regarder de plus près ce qui a pu arriver aux quatre gardiens du Japon.

La crise immédiate étant maintenant réglée, je vais me coucher.
Bonne nuit, Seifen.

Tahani


Gojo, le 28 mai 1988

Bonjour Seifen,

Tu seras ravi d’apprendre que les températures sont bien revenues à la normale !
Finalement, heureusement que nous nous sommes débrouillées par nous-mêmes. Le rendez-vous avec le professeur Sao à l’observatoire n’a rien donné de concluant…
Dans les autres nouveautés, j’ai récupéré les photos développées. Nous avons pu donner sa photo souvenir à Matsuo.
Nous avons aussi récupéré les dernières informations pour l’exposé d’anglais : les informations concernant l’économie souterraine du Japon après la Seconde Guerre Mondiale, que Zukibayashi a récupéré auprès de son grand-père.
Il n’y a maintenant plus qu’à tout lire, trier et mettre en forme.
Le quotidien reprend…

Je me demande quand même ce que ça aurait donné cette histoire, si tu avais été à mes côtés. Si j’avais été… “complète”.
Tu aurais sûrement pu me couvrir, c’est certain. Comme tu l’as toujours fait.

Tu me manques, Seifen.

Tahani.


Gojo, le 1e juin 1988

Bonsoir Seifen,

Je te fais un petit point “vie du lycée” : nous avons changé d’uniforme… et je peux te dire qu’il fait froid au Japon.
Sinon, des petits instruments à doigts avaient disparus et ont été retrouvés dans le nid d’une pie.
Iga et Nanbu de ma classe sont bien les responsables des coups tordus faits aux uns et aux autres (Mifune a pu lire leurs pensées).
Shui, Matsuo et Mifune ont été voir Wada pour manger avec lui, à défaut d’avoir pu vérifier s’il était réellement un pervers ou non. Matsuo a même fini par lui donner un bento, étant donné qu’il semble ne pas en avoir (ou plus en avoir).
Nous avons eu un contrôle surprise en sciences humaines.

Plus étrange, Imagawa a un comportement inhabituel depuis son retour ce matin (il était absent hier) et Zukibayashi ainsi que Mifune se sentent observées… A surveiller donc !


Gojo, le 02 juin 1988

Bonsoir Seifen,

Il y a déjà du nouveau par rapport à ce que je te racontais hier !
Je te confirme, Imagawa est bien étrange. Déjà, question apparence, il y a un “léger souci” : Zukibayashi a remarqué qu’il avait les yeux plus rouge et les cheveux plus clairs.
Mifune a donc tenté de le contacter à midi, par télépathie, mais ça n’a pas fonctionné. Elle a contacté Kyuyu à la place…
En revanche, Matsuo m’a appelée : Imagawa l’a suivie et quand elle a tenté de l’intercepter, elle a vu un renard passer un mur.
S’il est là demain, nous allons avoir une petite discussion avec…

A demain Seifen,

Tahani


Gojo, le 03 juin 1988

Bonsoir Seifen !

C’était bien ça, Imagawa était bien un renard ! Ou, du moins, un renard a pris sa place durant son absence (il est malade), parce qu’il voulait nous voir.
Voilà, rien de bien méchant… Et cette histoire est maintenant bouclée.

Je t’aime, Seifen, tu me manques.
A bientôt,
Tahani