(Archive du 02 janvier 2008)

Non pas 12, mais 24 apôtres étaient réunis autour du Seigneur.
De Judas, point il n'y avait, d'évangiles par contre, nombreuses pourrions nous en rédiger.
Heureusement, personne ne fut crucifié et le ventre plein et l'âme remplie, si ce n'est le contraire, nous nous sommes quittés pour entamer une nouvelle année pleine de promesses.

C'est donc ce samedi 29 décembre 2007, à partir de 20h00 pour les plus ponctuels, et guère plus pour les autres, ce qui prouve encore une fois si besoin était de la qualité de la relation au sein du club, que nous nous sommes retrouvés à Gardanne, dans cette magnifique salle que nous octroie la mairie.
Nous pensions être tous là pour ripailler, festoyer jusqu'à plus soif et donner libre cours à nos instincts rôlistiques les plus bas.
Mais, la présence nombreuses de rejetons, pas encore à même de faire la différence entre une rapière et une épée longue, aurait du me mettre la puce à l'oreille.
De plus, cette marmaille était accompagnée de ce qui n'aurait pu être que des geishas, ce qui m'aurait réjoui le cœur, mais qui c'est avéré être les compagnes légitimes de mes camarades.
Enfin, et ce dernier point aurait du m'alerter, j'étais moi même accompagné d'une somptueuse créature qui s’avère n'être rien d'autre que mon épouse fidèle et dévouée (certes, il y a peu de chances qu'elle lise ce billet, mais on ne sait jamais, alors assurons !).

C'est ainsi, qu'après plus d'une heure de mondanités digne des plus prestigieuses cours d'ici et d'ailleurs, tenaillé par la faim exacerbé par les victuailles étalées sous mes yeux ébahi (de Suffren), je m'assis en bonne compagnie, prêt à m'élancer, tel le fauve assoupi, pour profiter de mon droit d'ainesse et ratisser les mets fins et raffinés qui m'attendaient sur le buffet déployé en notre honneur.

Mais, personne ne m'avais prévenu, et, comme si nous étions dans les meilleurs églises baptistes du monde, il a fallu commencer par passer à confesse, avouer ses penchants les plus ignominieux et faire ressortir de notre moi profond les crimes les plus inavouables qui y étaient cachés.
Tous y eurent droit, même les plus jeunes, et quand on doit porter toute sa vie, telle un fardeau écrasant, le prénom d'Elric, le maudit, commencer sa vie par un tel exercice ne peut être que prémonitoire.

Ainsi, après deux petites heures à apprendre à mieux connaitre mes voisins et camarades de jeu (plus pour longtemps maintenant que je connais leurs secrets cachés), je me remettais à espérer que nous allions pouvoir rassasier nos corps émaciés. Mais non, tel le phénix renaissant de ses cendres, notre seigneur et maitre à nous que tout le monde entier il nous envie, mais que pourquoi il le prend, même qu’on le laisse avec un paquet cadeau si besoin, prit la parole.

Et alors, de sa voix grave et profonde, tombant du ciel étoilé en béton qui nous dominait, nous reçûmes la sainte parole. De nourritures terrestres point, certes, mais quelle élévation spirituelle, quelle aura nous irradiant tel Tchernobyl, nous sûmes enfin pourquoi nous étions là, non pas pour partager ensemble le pain et le sel, mais pour œuvrer à un grand dessein qui nous écrase tous et nécessite de notre part un engagement plein et entier.
Nous étions là pour incarner l'esprit du jeu, la camaraderie, la volonté de parcourir ensemble les steppes immenses du loisir ludique, pour nous respecter dans le plaisir et nous élever au delà de notre position de banlieusard assoiffé de détente.

Ainsi subjugué par le panorama qui s'étalait devant mon esprit ouvert par la puissance mentale de notre président, je restais un moment suspendu entre l'extase et la faim, ne retombant sur terre que pour réaliser que mon droit d'ainesse avait été bafoué et que je devrais attendre, comme les plus jeunes, avant d'attaquer le buffet.

Finalement, l'esprit plein de hautes aspirations et le corps de bonnes nourritures, nous nous acheminâmes vers la fin de cette soirée très agréable, laissant l’année 2007 se terminer tel une volute de fumée et 2008 se rapprocher tel un brasier géant.
Plus tard, dans l'engin qui nous ramenait en notre demeure, nous devions tenter d'accepter ce que nous avions vécu et partagé avec les autres.
Ce n'était rien moins que la scène, élargie certes, mais vivante en nous.

Merci, merci, et loués soient les Oris.